Cette saison 2023/2024, le club historique landais de Peyrehorade n’en finit plus de déjouer les pronostics des amateurs de rugby. À six journées de la fin de championnat, le club pointe à la deuxième place de la poule 4 de Fédérale 1. Un classement bien au-delà des espérances, acquis grâce à l’esprit d'unité qui règne ici.
C'est un personnage que l'on n'oublie pas ! À quatre-vingt-quatorze ans, sa carrure et son mètre quatre-vingt-quatre sont toujours très attendus les jours de match au Stade Dabadie. À peine descendu de voiture et le voilà déjà escorté. À son âge, alors que beaucoup ne sortent presque plus de chez eux, Gaston Dubois, lui, est d’attaque quatre heures avant la rencontre contre Floirac. Pas question de manquer le banquet d’avant match ! "J’avance moins vite qu’avant, mais je suis toujours là ", confie-t-il avec son regard et son sourire malicieux.
Plus de deux cents personnes partagent cet avant-match. "Peyrehorade, c’est un club authentique " nous explique l’un des supporters. "Ici, le club doit tout à Gaston", ajoute un autre. S
Son évolution, son état d’esprit, grâce à lui, quand tu as joué une fois à Peyrehorade, tu y retournes forcément.
Un supporter du Peyrehorade rugby
"Gaston faisait ses propres règles"
Ancien troisième ligne de Dax, trois fois finaliste malheureux du championnat, Gaston Dubois était aussi professeur d’éducation physique à Peyrehorade. "Quand je suis arrivé, les dirigeants, ici, voulaient encore que je joue. Mais j’étais déjà trop vieux, alors j’ai entraîné, je suis devenu président et puis j’ai monté l’école de rugby".
Petit à petit, Peyrehorade se fait un nom chez les jeunes. "À cette époque, Gaston faisait ses propres règles ", se souvient un habitué. "Pour un match important, il était capable d’aller chercher les meilleurs des clubs aux alentours et de tous les faire jouer pour Peyrehorade, c’était évidemment interdit."
Formateur de champions
Le club landais a formé quelques-uns des meilleurs demi-d'ouverture français entre 1980 et les années 2000. Gaston a les yeux qui brillent à l’évocation de leur nom : Jeff Dubois, "Titou" Lamaison et Julien Peyrelongue...
Il est toujours très ému quand il parle de son petit protégé "Titou" Lamaison. "Encore aujourd’hui, nous avons une très belle relation ". À l’époque Christophe Lamaison évolue dans le petit club d’Habas à quinze kilomètres de là. Gaston le prend sous son aile, les deux hommes ne se lâcheront plus jamais. " J’ai une anecdote qui illustre bien notre complicité, vous savez, il a tenu à me donner son maillot de l’équipe de France. Celui qu’il a porté en 1999 en Coupe du monde quand il a battu les All Blacks " nous raconte-t-il, très touché encore vingt-cinq ans après.
De génération en génération
Assis sur son fauteuil de jardin en hauteur, tout près de la buvette, Gaston Dubois assiste à la victoire de Peyrehorade face à Floirac, l’un des gros morceaux de la poule 4. Sur le terrain, il est très fier d’applaudir François, le fils de Titou Lamaison, de retour au club cette saison, et Thomas, son propre petit-fils qui joue au poste de troisième ligne comme lui. "Oui, Thomas, il est bon, mais moi si j’étais entraîneur, je le ferais plutôt jouer au centre. "
Quelques mètres plus bas, sur la pelouse, Thomas Dubois célèbre cette courte victoire avec ses coéquipiers, sans jamais oublier son grand-père. " Les anciens et Gaston sont toujours là pour nous porter et nous soutenir."
L’amour du maillot se transmet de génération en génération, nous n’avons pas le droit de les décevoir.
Thomas DuboisPetit-fils de Gaston Dubois
Le club de Peyrehorade va fêter cette saison ses cent vingt ans d’existence, pour rendre une fois de plus hommage au plus célèbre de ses ambassadeurs, Gaston Dubois.
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À découvrir aussi dans cette émission, la nouvelle vie à Biarritz de Julien Peyrelongue et l’amitié grâce aux valeurs du rugby entre les supporters de l’Aviron Bayonnais et ceux de l’ASM.
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