A l'appel de syndicats, des agriculteurs des Landes et des départements limitrophes ont manifesté ce mardi 21 février à Mont-de-Marsan. Ils redoutent une baisse des captages d'eau avant le prochain renouvellement des autorisations de prélèvements pour l'irrigation des cultures alors que le faible remplissage des retenues d'eau cet hiver fait craindre le pire aux agriculteurs.
"L'eau pour tous, l'irrigation notre alimentation" : derrière cette banderole près d'un millier d'agriculteurs manifestent depuis le milieu de matinée dans les rues de Mont-de-Marsan à l'appel des syndicats agricoles FDSEA et JA (jeunes agriculteurs).
Les producteurs viennent principalement des Landes et également des départements voisins (Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Gers).
A l'aide de 80 tracteurs, ils ont mené une opération escargot vers la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et la préfecture où une délégation était reçue en fin de matinée.
Au menu, la gestion de l'eau et notamment l'autorisation de prélèvement en eau pour l'irrigation agricole qui doit être renouvelée dans les prochaines semaines par les services de l'Etat. Les syndicats craignent une baisse des prélèvements.
Dans le cortège, Kévin Pouységur, président des JA des Landes s'en explique :
La question de l'irrigation est primordiale car il en va de notre souveraineté alimentaire aujourd'hui si on veut produire maïs doux, kiwis et nos céréales qui permettent de nourrir nos animaux.
Kévin Pouységur, président des JA des LandesFrance 3 Aquitaine
"Concrètement, on demande à travailler en bonne intelligence, avec l'administration, garder nos volumes d'eau prélevables à l'identique et qu'on s'adapte en fonction des années" ajoute le producteur.
Sauvegarde de l'eau
Garantir des captages en eau pour les exploitations dans un département agricole historique tout en veillant à économiser la ressource pour les différents besoins, telle est la difficile équation à résoudre pour l'Etat.
La question est de plus en plus prégnante alors que les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles.
A Monguilhem, à la frontière entre les Landes et le Gers, Rémy Demaquillé s'équipe en grand contre la sécheresse. Après cinq ans de bataille administrative, il a obtenu le droit de construire une retenue d'eau de 50 000 mètres cubes qui sera alimentée par le cours d'eau voisin entre décembre et mai.
Cette "bassine" lui permettra d'irriguer 30 hectares de maïs et de soja car le manque de précipitations avait divisé par trois ses rendements l'an dernier.
On a besoin d'eau toute l'année, on le voit avec le dérèglement climatique, c'est une assurance pour nos revenus et nos cultures du printemps.
Rémy Demaquillé, agriculteur landaisFrance 3 Aquitaine
Garantir la ressource en eau des agriculteurs, c'est le cheval de bataille actuel de la FDSEA. Son président Landais François Lesparre regrette que les projets de réservoirs d'eau soient de plus en plus compliqués à se concrétiser. "On économise l'eau, on fait attention, on la partage pour tous les usages, pour les étiages, pour l'environnement. Il nous faut de l'eau que l'on peut stocker plutôt que subir et laisser les agriculteurs dans la désespérance" précise François Lesparre.
Dans un communiqué, les deux syndicats agricoles accusent la DDTM d'avoir transmis "avec maladresse et précipitation" une "version non amendée" de l'Autorisation unique pluriannuelle (AUP), leur permettant de pomper 1800 mètres cubes d'eau par hectare, à l'Autorité environnementale, qui a rendu selon eux un avis "négatif" et "critique".
Dans un avis rendu le 9 février dernier, l'Autorité environnementale estime que la "disponibilité en eau du Bassin de l'Adour n'est pas suffisante pour les besoins actuels" et préconise plutôt une "réduction de la consommation par révision des systèmes et des pratiques agricoles".
Un avis soutenu par la Sepanso, la fédération d'associations de protection de la nature et de l'environnement de l'ex-Aquitaine.
"Si les agriculteurs voient que ce n'est possible d'avoir la production actuelle, peut-être qu'il faut aller chercher des solutions alternatives. Il y a d'ailleurs des agriculteurs très réalistes qui produisent par exemple des cultures moins gourmandes en eau comme le sorgho" indique Georges Cingal, président de la SEPANSO 40.
"La France subit une sécheresse météorologique préoccupante", a averti mardi Météo-France, en confirmant que le pays venait de vivre une "série de 31 jours consécutifs" sans véritable pluie, "du jamais vu durant un hiver météorologique".
"Je ne suis pas inquiet, nous ne sommes qu'en février. S'il ne pleut pas d'ici fin mai, là ce sera plus inquiétant", relativise Serge Dubroca, 60 ans, producteur de maïs dans les Landes, présent à la manifestation. "Il n'y a pas besoin d'affoler les gens pour rien du tout, on est tout de même ici dans une région océanique arrosée".
avec AFP