La crise du Covid a mis en lumière la réalité des services de réanimation, avec des prises en charge très techniques et des expériences souvent difficiles pour les patients. Une étude a été menée à l’hôpital de Brive pour évaluer les bénéfices de l'hypnose pendant et après l'hospitalisation.
Une patiente a été hospitalisé dans le service de réanimation de l'hôpital de Brive. Un médecin doit lui poser une voie veineuse centrale : il va introduire dans son corps un guide métallique et glisser à l'intérieur les tubulures qui permettront de faire passer des médicaments. C'est une opération technique, potentiellement douloureuse, et forcément anxiogène.
De la réa à l'océan
Avant le début du geste, Laurence Lachenaud, infirmière libérale, discute avec la patiente de ses loisirs, de ses dernières vacances... Et quand le médecin se met au travail, simplement avec sa voix, l'infirmière emmène la patiente de son lit de réanimation vers les plages de la côte Atlantique, où elle ne sent plus que l'air marin qui caresse son visage. Une transe négative causée la peur se transforme alors en transe positive.
Cette expérience a lieu dans le cadre d'une étude, menée dans le service, pour évaluer l'intérêt des séances d'hypnose pendant et après l'hospitalisation. Elle se traduit aussi par des consultations après l'hospitalisation, avec de nouvelles séances d'hypnose et un apprentissage pour le patient. Il s'agit de l'aider à gérer durablement ses éventuelles angoisses.
Le patient acteur
Laurence Lachenaud a rédigé un mémoire sur le sujet. Elle détaille : "L’hypnose permet aux patients de retrouver du confort, mais aussi de mieux gérer une prédisposition au stress post-traumatique. Ils ne sont plus en train de subir l’agression des soins, ils reprennent la main et se servent de leur vécu pour retrouver plus de sérénité."
Laurence Lachenaud a travaillé aux côtés d'Antoine Molina, un médecin anesthésiste-réanimateur convaincu depuis longtemps. Les résultats le confortent dans sa démarche : "Chez nous, on a pu valider qu’on avait de meilleurs scores de confort chez des patients sur lesquels le travail global semblait insuffisant."
100% naturel
L'hypnose thérapeutique est loin de l'hypnose de spectacle. Pour Sandrine Mons, réanimatrice à Brive, "Quand on quitte le travail, qu'on rentre chez soi en voiture, et qu'on ne se rappelle plus du trajet qu'on a fait, c'est un état de transe hypnotique. Ici, on ne fait que le provoquer. Cela permet d'utiliser des zones de cerveau qui ne sont pas utilisées normalement."
Au delà des séances d'hypnose, une simple façon de s'exprimer peut permettre de passer d'une transe négative à une transe positive. Selon Laurence Lachenaud, "Le langage positif, c’est remplacer les connotations négatives de certains mots qui entraînent forcément des images. On peut éviter de dire : attention je pique ! Ou : ne vous inquiétez pas ! Et préférer : soyez rassuré, on va faire en sorte que ce soit le plus confortable possible."
L'étude est terminée, mais les besoins sont toujours là. L'objectif est maintenant de former ou de sensibiliser un maximum de soignants partout en France.