La prune Datil, rebaptisée Violine, est une variété rustique redécouverte il y a 30 ans. Parfaitement adaptée au terroir aquitain, elle se cultive sans traitement fongicide. Des pruniculteurs ont relancé sa production il y a une dizaine d'années. Les premiers résultats sont très prometteurs.
Elle était tombée dans l'oubli. Ce sont quelques arbres retrouvés dans le Lot qui ont permis de la sauver d'une disparition probable...
Une chance, car cette variété Datil est particulièrement adpatée aux terrains de la région.
"Qu'elle soit sur des sols sableux, argileux ou équilibrés, en zone acide ou en zone calcaire, il n'y a pas de problème. Elle produit toujours bien et elle a le même comportement" nous explique la directrice du Conservatoire Végétal d'Aquitaine Evelyne Leterme.
Ce conservatoire, dont l'objectif est de sauvegarder un maximum d'espèces végétales de la région, a testé la plantation du Datil sur ses 40 différents sites, du nord au sud.
Les résultats sont épatants.
"On peut aller de la floraison jusqu'à la récolte sans traitement fongicide" assure Evelyne Leterme, "et sa conservation est assez longue parce qu'elle n'est justement pas atteinte par la monilia", cette redoutable maladie des arbres fruitiers qui peut dévaster des récoltes entières.
Un fruit à la conquête du marché
Une dizaine de pruniculteurs ont accepté de planter la Datil dans les années 2000. Ils ont obtenu de petits fruits sucrés et goûteux au bout de trois ans seulement. Alors que les autres pruniers ne produisent qu'au bout de cinq à six ans.
C'est la coopérative Prayssica qui les a poussé à tenter l'expérience, convaincue de l'importance de faire évoluer les pratiques.
"C'est un travail de longue haleine" nous confie Franck Van de Wiele, le directeur de la coopérative, "il faut toujours se renouveler et toujours essayer d'expliquer aux producteurs que la tendance des consommateurs a changé, ils veulent du bio, du bon, des fruits faciles à consommer".
Rebaptisée Violine
Peu connue du grand public, les professionnels ont décidé de changer son nom. Ce n'est plus Datil mais Violine, une marque déposée.
Alors que la production s'élevait à 40 tonnes en 2015, elle a atteint les 100 tonnes en cette rentrée 2019. La totalité est d'ores et déjà vendue.
"L'année prochaine, si tout va bien, on sera à 120 tonnes car de jeunes vergers arrivent en production" se réjouit Franck Van de Wiele.
L'objectif est de dépasser les 500 tonnes d'ici dix ans. Et d'obtenir très vite le label Indication Géographique Protégée (IGP) pour ce fruit naturellement bio.
Dans le reportage qui suit réalisé par Jean-Michel Daguenet et Benoît-Pierre Morin, découverte des plantations du conservatoire végétal et visite de la coopérative Prayssica. Interviennent Evelyne Leterme, directrice du conservatoire et Franck Van de Wiele, directeur de la coopérative.