Samedi 8 avril, le rappeur Médine était en concert à Agen, dans le Lot-et-Garonne. Lors de sa représentation, le rappeur a jeté dans la foule des piñatas, à l’effigie de trois acteurs politiques du Rassemblement National et de Reconquête!. Le rappeur refuse d'y voir une incitation à la violence.
Il l’a revendiqué sur son compte Twitter. Samedi 8 avril, lors de son concert au Florida d’Agen, Médine a créé la polémique. Le rappeur a offert à son public des piñatas à l’effigie de Julie Rechagneux et Edwige Diaz, deux élues du Rassemblement National en Aquitaine et une autre, représentant Geoffroy Gary, membre de Reconquête!.
Un "running gag" qu’il avait déjà réalisée en 2019, dans un de ses clips, où la piñata portait cette fois les traits de Marine Le Pen et qu'il utilise depuis un an dans ses concerts. "Ce sont des cadeaux que j'offre à mon public. À l'intérieur, il y a des t-shirts, des goodies. Je ne les cible pas elles précisément, j'incarne tous mes détracteurs par ces poupées de papier", explique le rappeur.
S'il s’amuse de la scène sur Twitter, et des clichés qui ont été pris, les élues concernées se disent “profondément indignées”.
“Il a clairement versé dans l’incitation à la haine et à la violence. Une piñata, on sait tous qu’il faut taper dessus avec un bâton”, résume Edwige Diaz, députée de la Gironde et vice-présidente du Rassemblement National, évoquant le contexte de violences “en augmentation” envers les élus.
Le camp de la violence
Pourtant, Médine refuse de voir ce geste comme une incitation à la violence et à la haine. Contacté par France 3 Aquitaine, l'artiste pointe à l'inverse le Rassemblement national. "Ce sont des personnes qui, dans les villes où je viens en concert, agitent la presse et leur électorat pour m'empêcher de faire mes concerts. La violence, elle est du côté de ceux qui tente de brider la liberté d'expression avec ces pétitions", explique-t-il.
Dans plusieurs villes de France, où passe sa tournée, des élus ou des membres du Rassemblement National ont tenté et tentent encore, pour les dates futures, de s’opposer à sa venue. "Ils devraient plutôt se préoccuper des photos que publie Julie Rechagneux, accompagnés de militants du IIIe Reich qui ont d'ailleurs été dénoncées au sein même de son parti", ajoute le rappeur, faisant référence aux révélations de BuzzFeed de 2017. A l'époque, Edwige Diaz avait dénoncé une "manipulation médiatique".
Les deux élues ont affirmé qu’elles porteront plainte “au plus vite”. “Nous n’en resterons pas là. Il est coutumier des provocations, mais on parle de délit ici”, ajoute la députée girondine.
Protection fonctionnelle
Edwige Diaz et Julie Rechagneux envisagent également de demander la “protection fonctionnelle” à Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine. Il s’agit d’une protection réservée à certains élus, qui peut être financière, en prenant en charge les frais de justice ou sécuritaire. “Depuis deux jours, nous sommes victimes de propos agressifs et de tentatives d'intimidation suite aux tweets qu’il a postés, en nous taguant. Il a une réelle responsabilité en la matière”, explique Edwige Diaz.
Le Rassemblement national a par ailleurs demandé à l’Adem, gestionnaire de la salle de spectacle, de condamner ces actes. Contactée, elle ne commente pas pour l’instant les événements.
Boycott de sa tournée
Dans une interview accordée au Mouv’, lundi 10 avril, Médine assure ne pas “craindre ces plaintes”. Auprès de notre rédaction, il explique "ne pas avoir peur pour sa tournée, mais plutôt pour l'argent des Français jeté par la fenêtre", faisant allusion à la demande de protection fonctionnelle des deux élues du Rassemblement National.
Militant, engagé politiquement depuis des années, par ces actions, le rappeur entend toujours dénoncer “l’état du pays”.
On est des porte-voix, des lanceurs d'alerte. Je refuse de faire l'autruche face à ces combats pour empêcher la banalisation des discours racistes dans le débat public.
Médine, rappeurFrance 3 Aquitaine
Le rappeur, en tournée, sort d'ailleurs aujourd'hui le premier épisode de son podcast, Médine France qui reprend notamment les thématiques de citoyenneté et d'identité, "ce que peut vouloir dire "se sentir français", au-delà d’une simple nationalité inscrite sur un passeport", avec, en invité, Sofiane Pamart.