Le projet d’un lac artificiel à Saint-Pierre de Caubel en Lot-et-Garonne freiné par l’état. La préfète qui avait donné son accord a été désavouée. Le gouvernement lui a demandé de retirer l’arrêté autorisant la création et l’exploitation de la future retenue d’eau.
Vingt hectares, 920 000 mètres cubes d’eau. Et l’objet de discordes.Le lac artificiel très attendu par les agriculteurs pour lutter contre la sécheresse et soutenir l’étiage d’une vingtaine d’exploitations prévue dans le bassin-versant du Tolzac, au nord du département ne verra peut-être pas le jour.
La préfète désavouée par deux ministres
Les travaux entamés début septembre ont été interrompus. Le projet pourtant validé par la préfecture avait été dans un premier temps condamné par France Nature Environnement.
L’association avait ainsi déposé une demande en référé pour faire suspendre les travaux devant le tribunal administratif de Bordeaux. Mais l’examen du dossier a été reporté au 17 octobre prochain après un courrier adressé le 18 septembre par le Ministre de la Transition écologique et solidaire François De Rugy et le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Stéphane Travert.
Courrier dans lequel les deux ministres demandent au préfet Patricia Willaert de revoir sa copie et de retirer l’arrêté autorisant la création et l’exploitation de la future retenue d’eau.
Un projet surdimensionné
Décision qui satisfait les défenseurs de l’environnement qui redoutaient un nouveau Sivens et dénonçaient une absurdité écologique et économique.
Selon eux, ce nouveau barrage était inutile dans un département qui compte déjà « 6000 retenues d’eau pour l’agriculture ».
Il aurait été surdimensionné dans un contexte de réchauffement climatique et de pénurie d’eau.
Pour France Nature Environnement, ce lac artificiel dont le coût est estimé à 3 millions d’euros aurait mis en danger 50 espaces menacées.
Des travaux déjà commencés
Le groupe écologiste au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine se félicite de ce retournement de situation mais regrette que cette décision arrive aussi tardivement.
« L’ensemble de la zone a déjà été défriché et les arbres abattus. Le site a été profondément abîmé et nécessitera une remise en état. Le préjudice écologique est déjà considérable ».
Les agriculteurs, eux, ne comptent pas en rester là : Patrick Franken, agriculteur et président de la Coordination Rurale 47, prévient : « On ne supportera pas que le projet prenne du retard, ça fait 30 ans qu’il est dans les cartons ! ».