Lot-et-Garonne. A la maison de protection des familles d'Agen, les gendarmes se consacrent entièrement aux victimes

La Maison de protection des familles a vu le jour il y a un an. Cette unité spécialisée de la gendarmerie est dédiée au traitement et à l'accompagnement des victimes de violences intrafamiliales.

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"Est ce que quelqu'un t'a fait quelque chose qui t'a fait te sentir mal à l'aise ou bizarre ? ", interroge la gendarme.  La voix est bienveillante, les mots sont choisis.  A ses côtés, une toute petite fille répond, non sans hésitations, de sa voix enfantine.  

L'échange a été enregistré. Assise à son bureau , l'adjudant Louisa Cormier, se penche sur sa retranscription . La gendarme a intégré la Maison de protection des familles d'Agen dès son ouverture, il y a un an, en tant que référente violence intra familiales.. 

Recueillir la parole des enfants

"Mon rôle c'est de regarder toutes les interventions qui on lieu, d'identifier les besoins de la victime et les solutions qu'on peut lui apporter : un relogement, une assistante sociale... Je dois entendre et recueillir la parole des mineurs de façon de manière à être la moins suggestive possible", explique-t-elle. Un rôle décisif : les auditions réalisées par la gendarme et la parole des enfants recueillie à ce moment sont déterminantes dans la suite de la procédure judiciaire.  

On essaie de faire en sorte que la parole de l'enfant ne soit pas remise en cause lors du procès. 

Louisa Cormier, Adjudant à la maison de protection des familles 47

Source : France 3 Aquitaine

L'adjudant Cormier a effectué une quinzaine d'années en brigade avant d'intégrer la Maison de protection des familles. "C'est ma façon à moi d'aider ces enfants, de faire en sorte que la parole des victimes soit entendue", note la gendarme qui a délibérément choisi de se consacrer uniquement aux victimes. 
 "Ici, on a plus de temps à leur consacrer, on les écoute, on les accompagne, et on assure un suivi dernière. La victime n'est pas laissée livrée à elle-même après le dépôt de plainte", assure-t-elle. 

Accompagnement des victimes et formation

Installé il y a tout juste un an, la Maison de protection de familles compte cinq gendarmes qui assure la protection des victimes, enfants comme adultes, mais aussi la formation des gendarmes à l'écoute active des violences familiales. "Nous avons aussi un rôle d'appui auprès de nos collègues qui travaillent sur le terrain, dans le cadre de la prise en charge des victimes", explique Xavier Leroux adjudant chef de la maison de protection des familles 47.

"Avant, les victimes venaient à la gendarmerie déposer plainte puis elles repartaient. Aujourd'hui, on prend attache avec eux. On essaie de voir ce qui se passe auprès d'eux, ce qui a changé, notamment dans le cas de victimes qui repartent avec leur ex-conjoint", poursuit-il.

L'adjudant chef vise aujourd'hui à développer la prise en charge des auteurs. "Il faut les comprendre pour mieux renseigner le magistrat, comprendre le cheminement qui s'opère dans leurs têtes pour diminuer ensuite ces violences intra familiales. C'est le gros travail que nous avons à faire"..

Un travail en collaboration avec les associations

Déjà, en quelques mois, les associations d'aide aux victimes ont pu constater l'efficacité de ce nouveau dispositif. "Depuis des dizaines d'années, on attendait d'avoir des personnes du coté des forces de l'ordre qui soient engagées sur le terrain des violences intra familiales", apprécie Françoise Dulin. La présidente du Réseau d'entraide 47 a trop souvent fait face à des réactions pleines de stéréotypes de la part de personnes peu formées à la question de l'emprise ou du contrôle de l'autre.

" Les membres de cette cellule vont poser les bonnes questions, avoir les bonnes attitudes", se satisfait la militante associatif, qui a été elle-même sollicitée par la Maison de protection au sujet des méthodes de recueil de la parole. "C'est un long travail pour la victime de reconnaitre les violences qu'elle a subit, de faire disparaître la honte et la culpabilité", explique-t-elle. 

Je leur dis souvent : gardez en tête d'où la victime arrive. Ce qu'elle vit, à savoir le contrôle, la manipulation, le rabaissement... Lorsqu'une femme battue est en face d'un homme gendarme, elle est souvent émue de voir que ce ne sont pas tous des salauds.

Françoise Dulin, Présidente du Réseau d'entraide 47

Source : France 3 Aquitaine

Et même si elle estime que beaucoup reste à faire notamment dans l'orientation des victimes, Françoise Dulin se réjouit d'avoir à travailler avec l'unité et encourage les autres associations à faire de même.  "A une époque il avait beaucoup de défiance, aujourd'hui on l'a dépassé et c'est très bien. Même si ça va en faire bondir certains, on peut même se considérer comme collègues", avance-t-elle. Le Réseau d'Entraide est notamment sollicité afin d'améliorer l'accompagnement des femmes victimes de violences. "Ils m'appellent et me demandent si je peux la voir. Elles sont sorties d'un silence qui a duré parfois des années, et nous, nous devons tous nous unir. Parfois, elles refusent de porter plainte car elles ont peur d'envoyer le père de leurs enfants en prison. C'est compréhensible, et ca nécessite tout un travail sur la temporalité", rappelle-t-elle. 

Dans le Lot-et-Garonne,  1 762 personnes ont été victimes de violences conjugales en un an. 

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