Vingt-quatre ans après avoir battu les Biterrois en finale du championnat, Agen récidive au Parc des Princes en dominant la meilleure équipe frrançaise, dix fois titrée entre 1971 et 1984. Un exploit colossal.
1976, c'est celle du premier vol commercial du Concorde.
C'est aussi l'année où la France a chaud, très chaud. Entre mai et juillet, les températures s'envolent et l'été sera étouffant. C'est la plus forte canicule depuis 1921 et la sècheresse défigure les campagnes. A la messe le dimanche, les curés demande même au seigneur de faire pleuvoir. Mais l'anticylone est le plus fort et les français cherchent l'ombre. Début mai, il a fait plus de trente degrés à Paris.
Béziers, la référence
Le 23 mai, l'atmosphère est étouffante également sur la pelouse du Parc des Princes.
Le grand, l'immense, le gigantesque Béziers se présente pour un troisième Bouclier de Brennus consécutif, du jamais vu.
Cette équipe est un mythe. Entre 1971 et 1984, les Héraultais remporteront dix fois le titre de champion de France. Un pack qui fait peur, avec les Vaquerin, Paco et les méchants Palmié et Estève. L'un des meilleurs demi de mêlée de l'histoire, Richard Astre et derrière des jambes de feu avec les Cabrol et Cantoni.
Un ogre à l'appétit féroce.
Agen l'a déjà fait
Pourtant au moment d'entrer sur le terrain, les Biterrois sont certes en pleine confiance mais pas complètement rassurés. Ils ont vu leur voisin de Narbonne être balayé par Agen en demi-finale (22-6). Et surtout, les anciens leur ont rappelé que le Sporting Club Agenais était leur bête noire depuis la finale de 1962, gagnée par les Lot-et-Garonnais (14-11). Les blancs et bleus ont suffisamment armés pour récidiver vingt-quatre ans plus tard.
Un match tendu, serré
Pour les grandes envolées, il faudra repasser. Cette finale est comme âpre, crispante où l'enjeu prend souvent le pas sur le jeu.
Un essai de chaque côté, Plantefol pour Agen, Paco à Béziers.
A deux minutes de la fin du temps règlementaire, les coéquipiers de Richard Astre mènent encore 10-7. Un mince avantage mais normalement suffisant pour une équipe aussi expérimentée. Encore un effort et dans quelques instants, elle sera couronnée pour la troisième fois consécutive, ce que personne n'a jamais fait auparavant.
Mais Henry Cazaubon sort de sa boit et claque le drop qui envoie les deux équipes en prolongation. Agen revient de très loin. Béziers ne le sait pas encore mais sa chance est passée.
Le plaquage de Dubroca et la pénalité de Mazas
10-10, tout est à refaire. La tension monte. Cette finale va basculer sur un détail, c'est
écrit. Nous sommes à la 108 ème minute.
L'infatigable Daniel Dubroca repart une nouvelle fois à l'assaut du porteur du ballon adverse. Le talonneur agenais plaque Cantoni. L'arrière de Béziers attend du soutien, qui ne vient pas. Il commet alors l'erreur de garder le ballon au sol.
Pénalité pour le S.U.A. Jean-Michel Mazas, qui en a déjà passé deux dans le temps règlementaire, ne tremble pas. Il envoie la Bechigue (le ballon de rugby en gascon) entre les poteaux. Béziers ne s'en remettra pas.
13-10, comme en 1962, Agen est champion de France. C'est l'une des plus grandes performances de son histoire.
Béziers se vengera en 1984
Huit ans plus tard, Daniel Dubroca est toujours là. Les deux équipes se retrouvent pour la troisième fois de leur histoire en finale du championnat de France le 26 mai 1984. Le match est tout aussi serré que les deux affrontements précédents et même encore un peu plus.
12-12 à l'issue du temps règlementaire, puis 21-21 après les prolongations.
Cette finale se joue aux tirs aux buts ! Le pauvre agenais Bernard Viviès est le premier à craquer. Il rate le sien, permettant au grand Béziers de remporter son onzième et dernier titre de champion de France.
Agen se consolera quatre ans plus tard avec son huitième et ultime bouclier de Brennus, face à Tarbes cette fois-ci.