Au gré du courant, à bord d'un petit château flottant, David fait escale le long de la Garonne à Tonneins. Il propose des ateliers créatifs pour les enfants et compte bien rejoindre l'océan mais pas trop vite.
L'œil pétillant et la barbe grisonnante, David vous accueille avec le sourire. Il se fond tellement dans ce décor. Derrière lui, son embarcation particulière. En s'approchant, cela ressemble à un château médiéval tout droit sorti d'un dessin animé, le tout juché sur un radeau. Oui, ce vieux château est une version miniature qui conviendrait plus à Hansel et Gretel, voire aux sept nains. Mais c'est bien David le maître des lieux et même le capitaine puisque l'étrange demeure est également flottante !
Robinson ? C'est justement le nom de l'aire de camping-car qui jouxte la Garonne où il a décidé de faire escale. C'est aussi là qu'il accueille des enfants pour leur proposer un atelier gratuit de fabrication de figurines. Ces figurines, il en fabrique par centaines. On peut d'ailleurs les voir sur tout un pan du radeau. Il les vend pour pouvoir financer son voyage "jusqu'à l'océan". "Moi, j'ai besoin de continuer à travailler et puis ça fait des rencontres".
Un château de mousse
Sa maison de lutin est conçue avec un matériau très particulier qui lui donne cet aspect tout droit sorti d'un conte pour enfant. "C'est une mousse semi-rigide qui a un grand pouvoir flottant et qui ne permet pas à l'eau de passer à travers. C'est aussi très léger". Un matériau qui a de nombreux atouts pour le navigateur solitaire puisqu'il doit pouvoir dégager l'embarcation si elle vient à se coincer sur des branchages ou un pont, mais qui doit aussi être habitable. "C'est un petit cocon", sourit-il. Le matériau magique permet également de garder l'abri exigu à 20°, même l’hiver "quand il fait 0° dehors". Grâce à sa forte flottabilité, le"château" bénéficie d'un très petit tirant d'eau : "je peux aller partout", assure-t-il.
Et comment ça marche ? Il se déplace poussé par le vent grâce à une grande voile et surtout en remorque de son mini-kayak. Il compte aussi sur les marées et reste forcément vigilant aux intempéries possibles comme aux crues qui l'aident également pour ses escales.
Alors qu'il remonte son amarre, il explique son fonctionnement. "Il y a la crue sur le Tarn et sur le Lot. Donc le temps que ça arrive ici.... Je monte en même temps que l'eau". Mais David n'est pas vraiment pressé. Il fait escale au gré de l'eau et reste le temps qu'il veut. Des sauts de puces qui le mèneront "d’ici deux ans", jusqu'à l'Atlantique, car il compte encore remonter la Dordogne "avec les marées".
Un "coup de pied aux fesses"
"Ça fait un an et demi que je descends la Garonne", raconte David. Son histoire, il la raconte parfois aux gens qu'il rencontre. "J'avais une vie qui me convenait plus ou moins. Il me manquait le coup de pied aux fesses..." L'étrange navigateur explique l'élément déclencheur de son changement de vie : des squatters ayant occupé son appartement de Toulouse qu'il trouve à son retour d'un déplacement dans les Alpes. "Le soir, j'ai dormi dans une tente et puis... je me suis fait une cabane. Je ne voulais pas aller dans ma famille ou chez des amis".
Il semble avoir fait le tri de ses besoins au jour le jour et profite tant de ses moments de solitude que des rencontres au fil de l'eau. Il fait des choix aussi au quotidien puisqu'il il ne doit pas charger son embarcation. "Chaque fois que je prends quelque chose, j'enlève quelque chose". David voyage léger et semble, désormais, se satisfaire de cette nouvelle vie, atypique.
"C'est une vie plus douce qui a plus de sens. Au début, je voyais ça comme du renoncement. Peut-être du confort moderne, mais j'ai gagné beaucoup en qualité de vie. Surtout qu'on a un autre regard quand on est sur l'eau..."