Après 5 jours d'audience devant la Cour d'Assises des mineurs à Agen, l'avocate générale a requis 5 à 12 ans de prison contre 5 jeunes qui avaient participé à une rixe mortelle entre bandes rivales. Mais le procès n'aura pas permis de faire toute la lumière autour de la mort d'un jeune de 20 ans.
Cette nuit de violences remonte à janvier 2011.
Dans la nuit du 28 au 29 janvier, un groupe de Villeneuvois prend à partie des jeunes d'Agen de passage dans la ville.
Après l'intervention de la police, les agenais repartent chez eux, à 30 kilomètres, mais reviennent, en nombre, armés de barres de fer et d'au moins un couteau.
Lors de cette expédition "punitive", qui va durer plusieurs heures, et impliquer une trentaine de protagonistes, un jeune de 20 ans est pris en chasse alors qu'il n'a lui même pas participé à l'échauffourée initiale.
Il meurt poignardé, de 10 coups de couteaux, le coup fatal touchant son artère fémorale.
Le drame avait à l'époque secoué cette cité de 23.000 habitants, qui se retrouve aujourd'hui avec un maire Front National.
Loi du silence et peur de représailles
Le procès, qui s'est ouvert lundi devant la cour d'assises des mineurs du Lot-et-Garonne, s'est déroulé sur fond d'importantes mesures de sécurité, et dans une ambiance pesante, avec deux clans distincts venant remplir la salle d'audience : agenais d'un côté, villeneuvois de l'autre.
Zones d'ombres et silences ont marqué la semaine, avec des témoins amnésiques, qui ne "savent plus", qui ne "se rappellent plus", qui évoquent des craintes de représailles, et qui, pour certains, ont été pris à partie en quittant la Cour d'assises. Les avocats ont fait état de menaces et d'intimidations.
Parmi les accusés, un seul a reconnu des coups de couteau de boucher portés à la victime, mais juste deux ou trois. C'est Mohammed Sakhar, il reconnaît sa resposabilité mais il n'en dit pas plus.
"On a besoin de savoir la vérité. Qui a fait quoi. Cette personne là (Mohammed Sakhar) assume. Mais elle a vu ce qui s'est passé aussi, et elle ne le dit pas" - Abbassia El Garmaoui, la soeur de la victime.
"Il y a une pression, on le sent très bien. Il n'y a pas de liberté de parole. Mais ça ne remet pas en cause la responsabilité de Mohammed concernant les faits que lui a commis. Après, il n'est pas là pour accuser d'autres personnes." - Maître Sophie Grolleau, avocate du principal accusé.
L'avocate générale Fiammetta Esposito a requis 12 ans de réclusion contre l'agenais de 23 ans Mohamed Sakhar.
Contre deux autres protagonistes, l'un qui aurait "mené la danse macabre" et un qui se serait aussi servi d'un couteau, l'accusation a requis "neuf ou dix ans", et cinq ans contre deux mineurs au moment des faits.
Maître Gilbert Collard, avocat de la famille de la victime et député FN, a stigmatisé "une foule barbare" la nuit des faits. "Aucun des 16 n'a arrêté ce mécanisme de haine." Souhaitant que la justice passe "sans haine", il a exhorté les jurés à la sanction: "Quand vous citoyens de France, allez vous faire cesser cela?"
Les plaidoiries se poursuivent ce samedi, le verdict est attendu en fin de journée.
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