La chambre des métiers du Lot-et-Garonne s'est associée à un bailleur social pour offrir une trentaine de logements à de jeunes apprentis. L'objectif : dynamiser l'économie en milieu rural.
"Là mon logement me coûte 90 euros par mois" confie Laurène, future menuisière qui bénéficie du dispositif Apprentoit. L'atelier de son employeur n'est qu'à cinq minutes de voiture. Une aubaine.
Salaires de 500 à 1100 euros
"Un apprenti qui commence à 15 ans touche environ 500 euros par mois. Moi je suis majeure donc je gagne 1100 euros et si j'avais dû trouver un logement ça m'aurait coûté entre 350 et 500 euros. Ca enlève une très grosse charge pour nous" reconnaît la jeune femme.
Elle est logé dans une maison appartenant à la petite commune de Lamontjoie. Le conseil municipal a accepté de la céder au bailleur social Ciliopée partenaire du dispositif.
"Ces jeunes apportent de la vie" se réjouit le maire Pascal Boutan, "et ça permet aussi une réhabilitation du patrimoine. Ce local était auparavant très vétuste, presque en ruine".
Maintenir l'emploi en zone rurale
L'idée a été lancée par la chambre des métiers du Lot-et-Garonne en 2012 dans l'objectif de maintenir de l'emploi dans les campagnes.
"C'est un vrai problème pour les jeunes d'apprendre en milieu rural. Si à 18 heures, quand il fait nuit, une jeune fille de 16, 17 ou 18 ans doit prendre sa mobylette et retourner chez elle, ça peut être un frein. Nous on veut faire avancer les jeunes et les accompagner du début à la fin" explique Jean-François Blanchet, le président de la chambre.
Son souhait est de voir les apprentis ouvrir ensuite leur propre entreprise, idéalement en campagne, à l'image de Laurence Pichon, la coiffeuse de Lamontjoie.
"Elle a été formée au même centre d'apprentissage qu'Emma, son actuelle apprentie. Et on voit le résultat. Elle a été formée comme il faut, dans de bonnes conditions, aujourd'hui elle a son salon et elle permet aux autres d'apprendre. En plus en milieu rural" souligne Jean-François Blanchet.
Des centaines d'offres pour les apprentis
Côté employeur aussi l'outil s'avère précieux.
Thierry Manissol, le patron de Laurène, la jeune menuisière, ne sait pas s'il aurait pu trouver la main d'œuvre dont il a besoin sans ce système d'aide au logement. D'autant que l'offre est importante : six cents places d'apprentissage sont à prendre dans le département. "C'est un vrai enjeu en menuiserie parce que nous sommes en milieu extrêmement rural. Pour nous c'est un combat de rester ici et de ne pas se rapprocher d'une grande ville".
Trente-deux logements spécialement dédiés aux apprentis ont été créés en Lot-et-Garonne depuis dix ans, dans onze communes différentes.
La formule, qui semble idéale, pourrait bien être mise en place sur le même modèle dans les départements voisins.