Née en 2007 pour venir en aide aux orphelins de Tchernobyl les plus fragiles, l'association des Amis de Rivne monte une opération d'envergure pour tenter de les sauver de la guerre
Elle reçoit plus d'une centaine de coups de fil d'Ukraine chaque jour, et, à chaque fois, des appels au secours désespérés. Nicole Cadenel est présidente de l'association des Amis de la Région de Rivne. Une association loi 1901 à but humanitaire créée en 2007 pour venir en aide aux très nombreux orphelins dont les parents décédaient des suites de Tchernobyl.
Dans un pays appauvri par l'ère post-soviétique, les retombées de la catastrophe du 26 avril 1986 ont fait des ravages parmi la population contrainte de vivre dans les radiations et à consommer une alimentation irradiée. Les adultes ont laissé de nombreux orphelins, parfois recueillis par la famille, souvent placés dans des orphelinats aux moyens très limités.
Aider les orphelins de Tchernobyl
L’association les amis de la région de Rivne s’est créée pour leur venir en aide, et en 15 ans elle a organisé plus d'une dizaine de convois humanitaires chargés de matériel médical, chirurgical, dentaire, d'accessoires de puériculture ou de fournitures scolaires.
Dans le même temps, 150 familles, ont accueilli un millier de ces enfants ukrainiens déshérités lors des vacances scolaires. Le but était de les sortir de leur misère quotidienne, leur permettre de manger une nourriture saine, de retrouver un cadre familial équilibré et, le cas échéant, de se faire soigner. Une démarche généreuse et entièrement bénévole de la part de tous les membres.
La France, terre d'espoir
Des liens très forts se sont créés entre les familles et ces enfants, qui ont fini par revenir d'année en année dans leur famille d'accueil, apprenant le français et attendant avec impatience ces séjours de liberté. Le Covid et la crise sanitaire qui ont interrompu ces échanges ont été vécus comme un drame des deux côtés. Alors que le sort de ces enfants était déjà précaire dans un pays sans moyens pour équiper ses orphelinats, la guerre vient aujourd'hui rendre leur situation catastrophique.
Depuis le début de l'invasion russe, le téléphone sonne sans cesse au domicile de Nicole Cadenel. Elle en est aujourd'hui à plus de 250 demandes d'accueil d'orphelins, d'enfants déshérites et de quelques sympathisants de l'association en Ukraine. Des appels au secours désespérés qu'elle ne supporte pas de laisser sans réponse.
Déjà 53 personnes en cours de sauvetage
Prenant, une nouvelle fois, le taureau par les cornes, "Les Amis de la Région de Rivne" ont lancé une opération de sauvetage dès le début des hostilités. Demain jeudi, un autocar partira de Rivne avec à son bord 53 personnes, 36 enfants, quelques mamans et accompagnantes, trois chauffeurs, un médecin, une infirmière. Destination, tous les coins de France en commençant par la Franche-Comté, Lyon, Orange, Montpellier, Aix-en-Provence, où les attendent une quarantaine de familles d'accueil. Six personnes seront accueillies en Nouvelle-Aquitaine, chez la présidente à Monsempron-Libos, dans une famille de Bergerac, et à Périgueux.
200 familles d'accueil déclarées spontanément
Plus de 200 familles ont répondu présent à l'appel de l'association et sont candidates à l'accueil. L'association basée dans les Hautes-Alpes a reçu le soutien actif du maire de Sisteron, Daniel Spagnou ainsi que de Violaine Démaret, préfète des Hautes-Alpes. Et depuis son domicile du Lot-et-Garonne, Nicole Cadenel a aussi le soutien actif du Consul d'Ukraine à Bordeaux, Laurent Fortin. Mais pouvoirs publics et élus locaux ne sont pas tous aussi impliqués.
Nicole Cadenel a un peu l'impression de prêcher dans le désert depuis 15 ans, et encore plus ces derniers jours. L'association n'a jamais quémandé d'aide, mais, pudiquement, Nicole Cadenel avoue qu'elle aurait aimé "une main tendue" du gouvernement pour pouvoir soutenir ses efforts, peut-être en affrétant un car supplémentaire par exemple.
Les moyens pour sauver encore 150 enfants
Car après ce premier convoi qui a épuisé les comptes de l'association, elle espère continuer à rapatrier d'innocentes victimes de la guerre, et en priorité les orphelins qui ont le moins de soutiens extérieurs. "Il reste au moins 200 enfants qui ont fait appel à l'association et pour qui la situation est désespérée", explique Nicole, de l'émotion dans la voix.
Elle souhaite maintenant mobiliser le plus de bonnes volontés possible, élus, responsables associatifs, autour de ce projet humanitaire. Afin de lever des fonds, elle en a déjà appelé aux familles. Les fonds ne sont pas suffisants, Nicole Cadenel s'est donc résolue à lancer une cagnotte en ligne pour tenter d'affréter trois autres cars nécessaires à ce sauvetage d'urgence.