C'est l'histoire d'une belle reconversion. Un ancien ingénieur qui décide, à 35 ans, de mettre la main à la pâte et de devenir boulanger. Une aubaine pour les habitants de Cocumont, un petit village du Lot-et-Garonne qui n'avait plus de boulangerie depuis près de deux ans.
Le geste est sûr et le plaisir est presque palpable. Pourtant, Alexandre Prat n'a pas façonné des baguettes et autres chocolatines toute sa vie : il se destinait originellement au métier d'ingénieur.
Ce matin-là, il finalisait la préparation de ses pains aux céréales. Dès 5h, les baguettes étaient prêtes à cuire. Tout un savoir-faire, une organisation qu'il a acquis sur le tard comme on dit.
Boulanger, c'est une reconversion pour Alexandre. Le boulanger d'aujourd'hui avait initialement suivi une formation d'ingénieur et exercé pendant six années. Puis, il avait rejoint son frère auquel il s'était associé dans une entreprise immobilière durant cinq ans.
Un rêve d'enfant
"L'envie d'être boulanger est revenue, explique-t-il simplement. C'est un métier que j'avais dans la tête depuis longtemps. C'était le bon moment".
Ce métier, il en rêvait déjà enfant. Alexandre décide alors, à 35 ans, de passer son CAP en boulangerie et il s'y investit pleinement. Il ouvre ensuite sa propre boulangerie, à Cocumont, dans le Lot-et-Garonne, "un village qui nous tient à cœur". C'est là que le trentenaire vit avec sa compagne, également originaire d'ici, et où ils ont toutes leurs attaches. Là qu'ils sont investis dans la vie associative aussi. Alors, quand il a appris que la boulangerie fermait, il a décidé de se lancer. C'était il y a un an et demi et il était en pleine reconversion. Chez lui, tout est fait maison : pains, brioches, chocolatines "majoritairement avec des produits locaux. La farine est à partir de blés de Nouvelle-Aquitaine", explique-t-il.
Un commerce essentiel
Une aubaine pour ce petit village d'un millier d'habitants, à quelques kilomètres de Marmande. La dernière boulangerie, montée en 2018, était fermée depuis deux ans. "L'outil existait, mais malheureusement la Covid, l'inflation et la hausse des matières premières" ont eu raison de ce commerce pourtant essentiel, explique le maire Jean-Luc Armand. "On était très malheureux d'avoir ce commerce fermé".
Une boulangerie est vraiment un commerce essentiel, qui à l'instar de services publics, bars ou supérettes, contribue à maintenir des habitants en milieu rural. La municipalité a soutenu le projet d'Alexandre Prat, en lui indiquant les aides dont il pouvait bénéficier dans le cadre d'une redynamisation du centre bourg.
Très attendue
Depuis deux semaines, les clients sont au rendez-vous. "Ça fait revivre le coin", assure un client baguette à la main. Pour d'autres, la boulangerie fait déjà partie de leurs habitudes. Comme cette dame qui habite "à neuf kilomètres" et qui se sert "tous les jours ici".
Un des nouveaux clients qui "vit à Cocumont depuis près de 40 ans" se souvient.
Il y avait des commerces tout autour de la place. Et petit à petit, ils ont fermé les uns après les autres... Et quand on peut relancer un commerce, c'est une très bonne chose !
Un client de la boulangerie de Cocumont
"C'est un gage de stabilité et de réussite quand c'est un jeune de la commune qui s'installe", poursuit-il.
Un emploi, des projets
L'ouverture de la boulangerie six jours par semaine semble avoir créé une nouvelle dynamique dans le village. Un emploi a même été créé, celui de Bérénice Misson, la vendeuse, qui dit être heureuse d'accompagner son nouveau patron boulanger dans cette nouvelle vie professionnelle.
L'artisan, lui-même, n'hésite pas à se projeter. Dans quelque temps, il voudrait prolonger l'activité avec de la pâtisserie. Il lui faudra donc embaucher un nouveau pâtissier pour l'occasion.