Santé mentale : oser parler, la clé de la prévention contre le suicide

Les services de secours sont régulièrement confrontés à des cas de tentatives de suicide tout au long de l'année, en Aquitaine comme ailleurs. Les raisons de tels passages à l'acte sont multiples. Un vaste programme de prévention, avec des cellules d'écoute et de soutien, existe pour lutter contre ce fléau.

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"En une journée, début novembre, nous avons dû intervenir sur trois différents actes de suicide ou tentative dans le département", indique un officier du service d'incendie et de secours du Lot-et-Garonne, visiblement affecté par cette augmentation soudaine de cas.

Deux cas par jour en moyenne

Ces actes désespérés, d'appel à l'aide le plus souvent, le psychiatre Florian Giron dit en recenser près de six cents par an en Lot-et-Garonne. "C'est une moyenne sur les dernières années".

Pour un suicide, on dénombre environ dix ou vingt tentatives, donc quasiment deux par jour

Florian Giron - psychiatre

à France 3 Aquitaine

En charge de la coordination médicale du 31 14 en Aquitaine, le numéro de prévention du suicide, le médecin explique que les départements ruraux sont souvent plus impactés. "Plus d'isolement, des services de santé moins accessibles, les raisons sont multiples" assure-t-il.

Actions de prévention efficaces

La prévention du suicide est l'un des enjeux majeurs de santé publique en France, où les taux de passages à l'acte figurent parmi les plus élevés d'Europe.
"Ce que l'on constate depuis quelques années, c'est tout de même une tendance à la baisse avec un engagement très fort des associations, institutions, collectivités et professionnels de santé", affirme Stella Darrouzes, la coordinatrice des programmes de prévention du suicide pour le Lot-et-Garonne et la Dordogne, attachée au centre hospitalier Vauclair.
Elle organise et anime des formations "sentinelles" ouvertes à tous, dans tous les secteurs d'activités. 

Plus le repérage est précoce, meilleure est la prise en charge

Stella Darrouzes - coordinatrice prévention suicide en 47 et 24

à France 3 Aquitaine

Élus, agriculteurs, travailleurs sociaux, pharmaciens, libéraux, personnels universitaires... deviennent ainsi capables d'évaluer les risques suicidaires autour d'eux. "C'est un réseau de vigilance", précise Stella Darrouzes. L'objectif est de veiller sur son entourage professionnel, amical et familial.

On montre à nos sentinelles comment repérer une personne en souffrance psychique, et on lui indique vers qui l'orienter.

Stella Darrouzes - coordinatrice prévention suicide 47 et 24

à France 3 Aquitaine

"Souvent, ce sont des personnes qui se disent débordées, impuissantes face à un problème, on apprend à détecter ce qui ne va pas et à les aider à reprendre la main. On ne les laisse pas seules", poursuit la coordinatrice.

Un sujet tabou

Le suicide n'a pas une cause précise et reste un sujet difficile à aborder. "Tout dépend de l'histoire personnelle de chacun, nous ne sommes pas égaux face à la souffrance et au passage à l'acte. Chacun ne réagit pas de la même façon face à la précarité, un divorce, un deuil, un problème économique, explique Véronique Séguy, la référente prévention au niveau régional. Le suicide reste un sujet hyper tabou entouré de préjugés et d'idées reçues".

On a du mal à dire qu'on ne va pas bien, à demander de l'aide

Véronique Séguy - référente régionale de la prévention du suicide

à France 3 Aquitaine

"On ne veut pas s'entendre dire d'aller voir un psy", reconnaît-elle.  Alors que la clef, c'est d'en parler.

"Il ne faut pas hésiter à demander si quelqu'un a des idées suicidaires. Ca permet d'ouvrir le dialogue".

Véronique Séguy - référente régionale de la prévention suicide

à France 3 Aquitaine

"Dire "je m'inquiète pour toi", "on peut en discuter", permet de casser le sentiment d'isolement que l'on peut ressentir face à une souffrance trop intense".

Cette spécialiste du suicide insiste sur l'importance d'apprendre à chacun, dès le plus jeune âge, à exprimer ses émotions, "en particulier chez les hommes".

Prévenir la récidive

Lancé en 2015, le dispositif VigilanS est un autre moyen de faire reculer les chiffres du suicide.

L'objectif est de s'attaquer à la récidive. Un combat prioritaire quand on sait que les risques de refaire une tentative sont multipliés par vingt l'année qui suit un premier acte. "VigilanS va rappeler les victimes après leur tentative", explique Florian Giron. "C'est une veille très personnalisée, effectuée par des psychologues. On appelle une, deux fois ou plus pendant six mois ou plus si besoin". 

On s'assure surtout que les personnes s'engagent dans des soins ou bénéficient d'un accompagnement social, d'une aide matérielle. Il faut s'occuper de toutes leurs difficultés.

Florian Giron - psychiatre

à France 3 Aquitaine

En Aquitaine, le réseau VigilanS n'a pour l'instant été mis en place qu'en Gironde. Un déploiement généralisé est prévu.

Des chiffres en baisse

Entre 2000 et 2016, le nombre de décès par suicide a baissé de 33,5 % en France. En Nouvelle-Aquitaine, les derniers chiffres officiels publiés par Santé Publique France remontent à 2017. "Le taux de mortalité par suicide en Nouvelle-Aquitaine s'élève à 16,9 pour 100 000 habitants contre 14,4 au niveau national" révèle Laure Meurice, épidémiologiste à Santé Publique France. 

"La tendance est à la baisse avec une stabilisation des chiffres en 2017, 2018 et 2019 et des disparités observées selon les secteurs. 

Les départements urbains restent les moins touchés

Laure Meurice - épidémiologiste à Santé Publique France

à France 3 Aquitaine

En ville ou à la campagne, il faut garder en tête le 31 14. Ce numéro unique reste ouvert et accessible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. 

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