Dès 1940, le régime de Vichy entreprend l’exclusion totale des juifs de la société française. Une profession se met au travail pour déposséder le patrimoine d’hommes et de femmes désormais indésirables : les notaires. Retour sur ce pan sombre de notre histoire ce lundi 4 mai à 23h05.
La spoliation des biens juifs constitue la première étape d’un processus mortifère. Le patrimoine spolié à l’époque est équivalent aujourd’hui à plusieurs milliards d’euros. À la Libération, sa restitution a été pour le moins très incomplète. Et depuis, les notaires n’ont jamais rendu de comptes sur leurs agissements.
70e anniversaire de la #Libération de #Bordeaux. Exposition au @CentrJeanMoulin http://t.co/UAsMmhQzjG pic.twitter.com/cE4MBELitn
— Bordeaux (@Bordeaux) August 28, 2014
Enquête à Bordeaux et à Paris
À Bordeaux, au tournant des années 2000, une commission censée faire toute la lumière, n’a rien voulu trouver. Alors qu’étrangement les archives regorgent de preuves.
Bordeaux est la seule ville de France, avec Nancy, où l’on a organisé des rafles massives de juifs de souche française, possédant des biens et parfois de grosses fortunes…
Serge Klarsfeld, avocat
Aujourd’hui, les descendants de familles disparues et leurs ayants-droits, refusent ce grand mensonge.
A Bordeaux, le descendant d'une famille spoliée mène l'enquête pour reconstituer les faits, cherchant à comprendre dans quelles circonstances sa famille a été dépossédée d'une grande partie de ses biens.
La participation massive du notariat français à la politique antisémite de Vichy constitue le dernier secret de l’Occupation.
L'analyse des actes de vente immobilière passés de 1940 à 1945 révèle la complaisance des #notaires envers l'occupant et Vichy; les notaires rajoutent aux exigences des textes ségrégationnistes et racistes. pic.twitter.com/tE3Suh49HR
— Du notariat et de n'importe quoi (@PierreRedoutey) July 15, 2019
Grâce à des témoignages, à des archives exhumées pour la première fois à la télévision et à l’expertise d’historiens ayant enquêté pendant des années sur le sujet, ce film lève le voile sur le véritable rôle joué par la profession notariale, pendant le chapitre le plus sombre de notre histoire.
Un vol de grande ampleur légal organisé par des lois taillées sur-mesure par Vichy. Des lois qui ont permis la spoliation de la plupart des propriétaires juifs pendant la guerre.
Le premier président du Conseil supérieur du #notariat a été désigné par Vichy sur une liste établie par l’Association Nationale des Notaires de France (ANNF). Il était encore en fonction en 1945.#corporatisme #Vichy #CSN pic.twitter.com/tZmradUs3M
— Du notariat et de n'importe quoi (@PierreRedoutey) May 21, 2019
Après-guerre, avec la mort de nombreux anciens propriétaires disparus dans les camps d’extermination, la plupart des biens n’ont jamais été restitués, y compris à leurs ayants droit. Jamais mise à l’amende, la profession n’a entrepris aucun travail de remise en question sur ses pratiques plus que douteuses pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les différentes commissions mises en place par le gouvernement Jospin et chargées de faire la lumière sur la spoliation et les restitutions opérées, auraient dû révéler le rôle des notaires dans l'aryanisation. Mais rien n'a été éventé.
Et le secret s'est perpétué.
Les notaires ont refusé d'ouvrir leurs archives. On en a alors conclu qu'il était impossible de retrouver la trace des biens vendus sous l’Occupation...
Pourquoi ce film ?
Suite à mon film sur Maurice Papon diffusé en 2018 sur France Télévisions, je me suis plongé dans les archives de la spoliation à Bordeaux. J'ai alors découvert de nombreux documents notariés et réalisé que les nortaires avaient constitué un rouage essentiel dans la politique d'aryanisation économique mise en place par le régime de Vichy. Et de cela, on n'en avait jamais parlé, d'où ce film ! Stéphane Bihan, réalisateur
Pour en savoir plus, rendez-vous sur .3 NoA avec la diffusion de ce documentaire "Les notaires sous l'occupation, le dernier secret de Vichy".Les notaires sous l'occupation, le dernier secret de VichyUn documentaire réalisé par Stéphane BIHAN
oproduction : France 3 Nouvelle Aquitaine et Alkimia Production
Diffusion sur .3 NoA mercredi 16 février à 21.00
Première diffusion : mai 2020 sur France Nouvelle-Aquitaine