Le projet de loi pour l’extension du pass sanitaire sera débattu à partir de mercredi 21 juillet à l’Assemblée nationale. En Limousin, le texte suscite l’inquiétude et la colère des restaurateurs.
Dans moins de deux semaines, il vous faudra certainement présenter un pass sanitaire pour accéder à un restaurant. Avant même le début des débats à l’Assemblée nationale sur l’extension de ce pass sanitaire, c’est un sentiment de colère qui domine chez les restaurateurs en Limousin. "On ne peut que s’indigner contre ces mesures", témoigne Alain Guillout, président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière (Umih) de la Haute-Vienne.
Selon l’avant-projet de loi présenté le 19 juillet 2021 en conseil des ministres, les clients des restaurants devront obligatoirement présenter à l’entrée une attestation de vaccination ou un test PCR négatif. "Nous gérons des lieux de plaisir, pas de contrôle", rappelle Alain Guillout. Sentiment partagé pour Stéphane Nougier, restaurateur à Fursac et représentant de l’Umih en Creuse : "Nous craignons la gestion des conflits. Comment faire si quelqu’un n’est pas vacciné et ne veut pas quitter l’établissement ?". Le syndicat a par ailleurs demandé à ce que le contrôle des pass ne concerne pas les clients installés en terrasse.
Obligation vaccinale pour le personnel
Au-delà de l’obligation de contrôle du pass sanitaire, les employeurs et leur personnel devraient être contraint de se faire vacciner d’ici la fin du mois d’août. "Si nous devons licencier des personnes qui refusent de se faire vacciner, cela va être une catastrophe", alerte Alain Guillout. "Dans mon restaurant, je manque de personnel donc je suis déjà obligé de limiter les clients", ajoute Stéphane Nougier. "Après sept mois de fermeture administrative, nos entreprises ont besoin de fonctionner".
A l’heure du début des débats législatifs autour du projet de loi, le secteur de la restauration espère un décalage à septembre de ces nouvelles contraintes sanitaires. "Il est inconcevable d’imaginer vacciner tout le personnel d’ici la fin du mois d’août", estime Alain Guillout. Le gouvernement précise effectivement que puisque "l’obligation du pass sanitaire pour les salariés des établissements recevant du public (ERP)" sera effective qu’à partir du 30 août, "leur première injection devra être réalisée au plus tard le 1er août."
Anti-pass sanitaire mais pas anti-vaccin
"En tant qu’entreprises responsables, nous appelons les restaurateurs à respecter les règles", souligne Stéphane Nougier. Car pour les entreprises qui n’appliqueraient pas les nouvelles mesures, les sanctions envisagées sont très lourdes. Selon l’avant-projet de loi, un gérant qui ne contrôle pas les pass sanitaires risquerait jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, un total qui semble même "excessif" pour le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. "Le risque pénal est inadmissible", s’insurge Alain Guillout. "Nous sommes considérés comme des voyous par des gens qui ne comprennent pas nos difficultés."
Le Conseil d’Etat a validé le projet de loi mais a émis plusieurs réserves, notamment sur cette amende de 45 000 euros pour non-contrôle du pass sanitaire que les magistrats ont jugé trop élevée.
Le représentant des restaurateurs haut-viennois n’imagine pas rejoindre les manifestations contre le pass sanitaire : "L’utilisation de l’étoile jaune dans ces manifestations m’a mis hors de moi. Je suis en colère contre des mesures inadaptées mais je ne prendrai jamais part à ça".
Pour autant, un restaurateur interrogé témoigne d’une incompréhension grandissante chez les gérants. "Je reçois tous les jours des appels de collègues en colère", note Jean-Luc Viginiat, président de l’Umih de Corrèze. Restaurateur à Brive-la-Gaillarde, il prévoit de vérifier les pass sanitaires "en fonction des moyens". Selon lui, impossible de contrôler tous les clients dans son établissement, où le service d’une vingtaine de couverts est parfois assuré par son épouse. "Je ne dis pas que je ne contrôlerai pas, je dis que je ne sais pas comment faire. Je contrôlerai s’ils mettent devant l’établissement un gendarme payé par l’état."