En ce week-end de Sidaction, "Paroles d’anciens" part à la rencontre de Jacky Chevalier, une Guérétoise qui a participé il y a plus de 30 ans à la création de l’association AIDES à Limoges.
Fin 1984, Daniel Defert crée l’association AIDES après la mort de son compagnon, le philosophe Michel Foucault, malade du Sida. Il faut alors des relais en régions : l’antenne de Limoges est créée moins de trois ans plus tard.
Jacky Chevalier, aujourd’hui jeune septuagénaire, a participé à sa création. Tout est parti d’un coup de téléphone, comme elle le raconte :
C’est un médecin gay de la ville de Limoges qui appelle mon ami, qui est médecin, et qui lui dit "j’ai des amis gays en train de mourir, voire de crever, parce que leur famille les a mis dehors, parce que non seulement ils sont gays mais aussi ils ont le sida"
Il faut alors trouver un local, des volontaires, mais également se former. Le sida apparaît aux premiers membres dans toute son horreur :
On découvrait la maladie, mais on découvrait aussi des vécus qu’on n’imaginait pas. Des gens qui après la mort d’un fils ne voulaient même pas du cadavre.
Les années ont passé mais l’émotion est toujours vive lorsque Jacky Chevalier se remémore toutes les disparitions, comme celle de Sylvie.
Elle était très jeune, toxicomane. Elle avait une petite fille de 6 ans, et jusqu’à la fin elle me disait "tu prendras soin de ma petite fille, tu prendras soin de ma petite fille".
"Le préservatif dans les classes, vous imaginez ?"
Une fois AIDES Limousin sur les rails, Jacky Chevalier décide de parler du sida dans les lycées. Infirmière à Turgot, elle convainc le proviseur de l'époque, Marcel Verdier, de faire de la prévention. "Le préservatif dans les classes, vous imaginez ?", doute Marcel Verdier. Mais Jacky Chevalier est sûre d’elle :
Non seulement j’imagine, mais je viens avec du matériel. J’ai des pénis en bois, je vais leur apprendre comment on met un préservatif !
Désormais en retrait de son engagement, Jacky Chevalier continue tout de même à suivre le combat contre la maladie. Et malgré le progrès des traitements, le relâchement qu’elle constate aujourd’hui l’inquiète.