Depuis plusieurs années, des ressortissants britanniques venus s’installer dans la région charentaise investissent dans l’immobilier traditionnel en péril. Des rénovations à grands frais qui offrent des retombées économiques aux collectivités locales.
“Si on laisse ça comme ça, ça va finir par s’écrouler”, constate le Britannique Trevor Leggett, devant deux bâtiments en cours de rénovation dans le village de La Rochebeaucourt et Argentine, situé entre la Dordogne et la Charente. Cet agent immobilier britannique a fondé il y a plus de vingt ans l’agence Leggett, spécialisée dans la sauvegarde du patrimoine traditionnel français. “Les façades datent de la fin du XIXe siècle mais les bâtiments, eux, sont du XVIe”, explique le passionné qui refuse de perdre ces vestiges, véritables témoins de l’histoire.
Un défi quotidien
L’intérêt de Trevor Leggett pour le patrimoine immobilier charentais fait des émules parmi la communauté britannique qui vit dans la région. Annette et Allan Heath y sont installés depuis plusieurs années. Le couple est tombé amoureux du Hameau de La Vergne à Exideuil et s’est lancé un défi en 2013 : rénover un corps de ferme typique de la Charente Limousine. “Chaque jour il y a toujours plus à faire, c’est un challenge”, déclarent les époux Heath.
Un challenge de taille, car les époux britanniques ne maîtrisent pas tout à fait la langue française. “Quand tu as besoin de matériaux pour la construction, tu es obligé d’aller te fournir en magasin”, raconte Allan Heath. “C’est facile, pour vous les Français, d’acheter une fenêtre, une porte, mais pour nous c’est plus difficile de savoir comment ça s’appelle. On essaie d’apprendre la langue. C’est assez difficile mais ça se passe bien.”
Un travail colossal
Stuart Reid, Britannique lui aussi, a posé ses valises à La Vergne en 2018. Avec son épouse, il exploite aujourd’hui trois gîtes qu’ils ont entièrement rénovés. Le couple, qui s’est installé dans une maison typique de la région, a tenu à tout remettre en état de leurs propres mains. “Il a fallu environ cinq ans pour tout refaire. Ça a représenté beaucoup de travail”, explique le ressortissant britannique.
Même constat du côté de son compatriote Trevor Leggett, qui a fait de la rénovation de l’immobilier traditionnel son gagne-pain.
“On termine un projet et on en commence un autre. On est un peu malades de ça. Pour moi, c’est une éternelle rénovation”
“C’est très cher en Angleterre”
Malgré les difficultés rencontrées et le coût des travaux de toutes ces rénovations, ces citoyens anglophones y trouvent leur compte. Selon eux, investir dans la pierre et réhabiliter l’habitat en France resterait moins cher que d’acheter un bien immobilier de l’autre côté de La Manche.
“C’est très cher en Angleterre. En Grande-Bretagne, ça nous aurait coûté deux à trois fois le prix qu’on a payé ici. Et on n’aurait pas eu la même surface ni le même prix. Ici, si vous êtes prêts à faire des travaux, vous avez la chance de pouvoir acquérir un bien qui va prendre de la valeur”, détaille Stuart Reid.
Des retombées économiques pour les collectivités locales
Ces investissements ont aussi généré des revenus considérables pour les collectivités locales de la région, où le patrimoine immobilier était parfois laissé à l’abandon. “C’est très important que les Britanniques soient venus, sinon le patrimoine serait tombé en ruine”, témoigne un habitant, qui se dit heureux de voir les bâtisses traditionnelles être protégées et remises en état.
Le reportage de France 3 Poitou-Charentes