Rosa Maria Da Cruz est en réalité une femme entourée. Ses nièces, soeur, belle-soeur sont venues successivement à la barre confié leur émotion, le choc qu'elles ont ressenti à la découverte de la petite Séréna. Mais toutes affirment qu'elle n'a pas pu vouloir faire du mal à l'enfant.
Après le long interrogatoire de Rosa Maria Da Cruz, debout dans le box vitré tournée vers la Cour, c'est au tour des membres de sa famille de se présenter successivement à la barre. Des moments denses et éprouvants.
Sa première nièce, 35 ans, se présente émue. La Présidente lui fait souligner qu'elle est maman d'une petite fille, âgée de 8 ans. Comme Séréna aujourd'hui. Aux questions de la Présidente de la Cour d'Assises sur sa relation avec sa tante, elle répond spontanément
Ma tante a toujours été là pour moi, avec amour. Elle m'a toujours écoutée, elle était de bons conseils. Je me confiais à elle.
Sa voix s'étreint et ajoute
Ce n'est pas possible qu'elle ait fait ça volontairement
Puis la jeune femme explique qu'elle n'a pas compris quand les gendarmes sont arrivés, qu'elle a posé des questions auxquelles personne n'a répondu, qu'elle avait une interdiction d'entrer en contact avec les membres de sa famille, elle est restée toute la nuit du 25 octobre 2013 garder les enfants à la maison. Ce n'est que le lendemain qu'elle a tout découvert, dans les médias.
Je ne doute pas une seule seconde de l'enfer qu'a subi Séréna et ce n'est pas que Séréna pour moi, c'est ma petite cousine, une petite soeur, mais c'est pas volontairement qu'elle a fait ça, c'est pas possible, avec tout l'amour qu'elle avait pour nous.
On ne parle pas trop de ces choses là
Puis se présente la soeur de Rosa Maria Da Cruz. Avec elle, la Présidente aborde la composition de leur fratrie de cinq frères et soeurs. On a appris un peu plus tôt dans l'après-midi que leur mère a perdu plus d'enfants qu'elle n'en a élevés. La femme parle en effet de son frère, qui a perdu sa jumelle à 1 an et demi, d'une autre soeur encore. Il y a eu aussi des fausses couches. Mais à l'évocation d'une tombe au Portugal, elle fond en larmes.
- Et comment avez-vous réagi quand Rosa Maria Da Cruz a accouché par surprise du petit Alexandre, en votre présence au Portugal ? Vous ne saviez pas qu'elle était enceinte ?
- Non, pas du tout. Elle était arrivée depuis 2 jours. On a tous été marqués. J'ai eu peur qu'elle fasse une hémorragie, je ne sais même plus comment tout ça s'est passé, les secours sont arrivés. A l'hôpital, le petit est parti dans un service pendant plusieurs jours, elle dans un autre. Puis on lui a présenté l'enfant, elle a tourné la tête.
- Elle a eu un suivi psychologique après ?
- Non
- et entre vous ?
- Soupir. On ne parle pas trop de ces choses là.
Au bout de plus d'une heure de questions, la femme s'est tournée vers sa soeur
Je suis désolée, je demande pardon à Séréna, je n'ai rien vu, je suis désolée, pardon à toi aussi Rosa, j'aurais pu t'aider, mais je n'ai rien vu
De toute évidence, bien que cette famille se fréquente, qu'il y ait de l'amour fraternel, personne n'a pris la mesure du premier déni de grossesse et d'accouchement de Rosa Maria Da Cruz, le petit Alexandre ayant été sauvé justement par la présence du groupe familial qui a assuré la prise en charge. Personne n'a pris non plus la mesure du drame de la naissance de la petite Séréna auprès des trois enfants de Rosa Maria Da Cruz.
- Que dîtes-vous aux enfants ? demande la Présidente
Après un haussement d'épaule et des sanglots retenus pour l'une, un je ne sais pas pour l'autre, la Cour n'obtiendra pas vraiment de réponse.
Elles disent toutes avoir été choquées et n'avoir rien vu. Toutes lui assurent de leur soutien aujourd'hui.
J'ai détruit ma famille conclue Rosa Maria Da Cruz
A la question de l'une des parties civiles sur son ressenti, l'accusée répond qu'elle a détruit sa famille, qu'elle ne peux apporter de réponses qu'elle n'a pas.
La Présidente de la Cour d'Assises suspend l'audience jusqu'à demain jeudi, en voyant que Rosa Maria Da Cruz fait un léger malaise.