Durant les jeux paralympiques de Paris 2024, les athlètes disposent d'un stand où faire régler ou changer leurs orthèses. Une entreprise d'Anglet fait partie de ces génies artisans qui travaillent en coulisses de ces JO.
À 32 ans, Manon Genest a décroché sa première victoire paralympique à Paris : une médaille de bronze en saut en longueur ! Depuis un grave accident de la route, il y a dix ans, elle doit porter une orthèse dans son quotidien, comme sur les épreuves sportives. Son pied gauche ne se relève plus tout seul et ce matériel lui permet "de maintenir le pied à 90 % pour éviter qu'il traîne" et le corrige dans le même temps. L'élaboration et la résistance de cette orthèse doivent être irréprochables vu les enjeux sanitaires et, en l'occurrence, sportifs.
Il ne faut pas qu'elle casse pour qu'elle puisse s'adapter à ma pratique et qu'elle évolue en fonction de mes niveaux de force et de ma pathologie aussi.
Manon GenestMédaille de bronze au saut en longueur
Un stand pour les urgences techniques
Comme Manon Genest, certains athlètes paralympiques disposent d'une prothèse ou d'une orthèse permettant de maintenir ou remplacer un membre. Celle-ci se doit d'être élaborée avec soin, non seulement pour un usage quotidien alliant confort et praticité, mais également pour ne pas freiner l'athlète dans sa recherche de performance.
Pendant les jeux paralympiques, chaque athlète peut venir faire réparer ou changer son matériel, gratuitement, sur un stand. L'activité y est soutenue : on compte près de 2 000 réparations par jour et la majorité de celles-ci concerne des sportifs des pays les plus pauvres. Il faut dire que ces technologies en perpétuelle évolution, sur mesure, peuvent coûter cher.
Bertrand Azori, le responsable technique du centre de réparation Ottobock, a revu notamment sur ces Jeux paralympiques, un athlète de Cuba. "Il avait son emboîture qu'on lui avait faite il y a quatre ans. Et on lui a refait une emboîture là, parce que, pour lui, c'est le seul moment quasiment où il voit un orthoprothésiste !"
Une entreprise au Pays basque
Près de 150 techniciens qui assurent ces réparations sur les sites paralympiques travaillent pour l'entreprise spécialisée Ottoblock. Ces orthèses et prothèses sont notamment fabriquées dans un atelier à Anglet, au Pays basque. Quinze techniciens y fabriquent ces fameuses "emboîtures". Trois cents orthèses et prothèses sont produites chaque année, moulées sur mesure, adaptées à l'âge et au handicap du patient, qu'il soit sportif ou non.
En fonction du type d'amputation, il peut s'agir d'une emboîture fémorale, si c'est au genou ou tibiale au niveau du tibia. Le chef d'atelier ajoute que, peut-être plus particulièrement à Anglet, on fabrique "des prothèses de surf ou, pour la montagne des prothèses de ski".
Des compléments qui ne peuvent défaillir dans ces instants si précieux dans leur carrière sportive. C'est sans doute grâce à ces sportifs qui cherchent à se dépasser que ces techniciens font progresser leur savoir-faire. Une évolution qui profitera peut-être aussi à de nombreux patients.