Deux hommes soupçonnés d'avoir violé et roué de coups une femme aux abords de la discothèque Arena de Bayonne en 2009 ont été mis en examen 11 ans et demi ans après les faits, une affaire récemment élucidée grâce à un rapprochement d'ADN.
Ces deux pères de famille, l'un âgé de 19 ans au moment des faits en 2009 et le second de dix ans son aîné, ont été mis en examen en début de semaine des chefs de viols en réunion et de violences aggravées ayant entraîné une infirmité permanente.
Violée et rouée de coups
L'un a été placé en détention provisoire et l'autre incarcéré provisoirement dans l'attente d'un débat différé devant le juge des libertés et de la détention.
La victime, alors âgée d'une quarantaine d'années, avait été "violée à plusieurs reprises" et "rouée de coups", à la sortie de la discothèque Arena de Bayonne, au petit matin du 3 octobre 2009, selon le commissaire-divisionnaire Stéphane Lapeyre, chef de l'antenne de Bayonne de la PJ.
Cette nuit-là, la jeune femme avait été abordée par deux hommes, alcoolisés, à proximité de l'établissement dont elle avait été refoulée. Les videurs venaient de faire usage de gaz lacrymogène pour disperser un attroupement."Elle était incommodée, et ils lui ont proposé de la ramener chez elle", a relaté à l'AFP le chef de la PJ à Bayonne. Elle avait en réalité été conduite sur les bords de la Nive, où violée et rouée de coups, elle avait été laissée"inconsciente pendant près de deux heures". Son visage portait trace d'"une douzaine de fractures", selon le commissaire Lapeyre. C'est un agent municipal qui avait retrouvé la victime gisant au petit matin.
Justice grâce à l'ADN
Pendant des années, de nombreuses auditions et investigations techniques ont été diligentées, sans rien donner. Mais l'affaire rebondit il y a quelques mois lorsque l'aîné des deux hommes, un père de famille, est placé en garde à vue dans une affaire de violences intra-familiales.
Son ADN est prélevé et saisi dans le fichier national des empreintes génétiques (Fnaeg). Et, surprise, il correspond avec des traces génétiques "non résolues", celles relevées douze ans plus tôt sur la victime. De là, la police judiciaire de Bayonne saisie fin 2017 a poursuivi les investigations pour identifier des complices. Et interpellé lundi et mardi quatre personnes, deux personnes qui seront mises hors de cause et les deux auteurs présumés. "Ils ont reconnu leur participation aux faits en donnant des éléments assez précis", selon Stéphane Lapeyre.
Il a été établi une correspondance génétique avec une trace de sperme prélevée sur la victime en 2009.
Ce dénouement "montre que des années après, les auteurs ne sont pas à l'abri d'être identifiés par les services de police et de justice. C'est un espoir aussi pour les victimes", selon le procureur de Bayonne Jérôme Bourrier. Interrogé par France 3 Aquitaine, il souligne que "le rapprochement d'ADN permet de résoudre de nombreuses enquêtes aujourd'hui mais autant d'année après les faits comme dans cette affaire de viol en 2009, c'est plus rare et cela doit être salué".
Le FNAEG a été créé en 1998 au moment de l'affaire du" tueur en série de l'Est parisien" Guy Georges. Il est devenu un outil indispensable dans les enquêtes judiciaires et pas seulement pour les criminels sexuels.
VIDEO Voir notre reportage sur l'affaire de viol élucidée grâce à l'ADN ►