Ce mardi 22 septembre, un Saratar comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bayonne. En septembre 2017, il avait fauché deux frères de 28 et 30 ans qui se rendaient aux fêtes patronales de Sare, tuant le plus jeune. Le conducteur roulait sous l'emprise de l'alcool et de drogues.
C’est le prix et très cher du délaissement et de l’inconscience de prendre la route dans ces conditions-là résume Antoine Tugas, l'avocat du jeune prévenu.C'était le premier jour des fêtes patronales de Sare, petit village des Pyrénées-Atlantiques connu pour son musée du gâteau basque. A trois heures, ce dimanche 10 septembre, un jeune de 21 ans prend sa voiture pour aller à Sare où se tient le bal. Le temps est pluvieux. Il est en état d'ébriété et sous l'emprise de plusieurs stupéfiants, les analyses le confirmeront.
Sur l'allée de platanes qui mène au bourg, il fauche deux promeneurs, deux frères originaires de Jatxou, une commune située à un peu moins de 25 kilomètres. Ils sortent d'un restaurant et se rendent à pied à Sare avec une dizaine de copains. La soirée vire alors au cauchemar. En quelques secondes des vies sont brisées. Le plus jeune frère de 28 ans sera réanimé sur place mais décèdera quelques heures après son arrivée à l'hôpital de Bayonne. Son frère échappe à la mort. Grièvement blessé, il souffre d'un traumatisme du rachis lombaire.
Un acte involontaire insiste son avocat mais aux conséquences tragiques :
"Les messages de la prévention routière sont suffisamment nombreux aujourd’hui. Nul n’est censé ignorer les méfaits de l’alcool et des stupéfiants lorsqu’on prend le volant. Il le savait. Mais comme je l’ai expliqué, les habitudes ont la vie dure. La facilité a la vie dure. Parce que c’est une sortie de fête de village, parce que c’est l’euphorie, parce qu’on est avec les copains, parce qu’on a le sourire, on imagine pas deux secondes qu’on va se retrouver avec une personne sur le capot et une mort sur la conscience. "
Ce vendredi 22 septembre, le prévenu, en pleurs a présenté ses excuses. Il dit n'avoir rien vu avant l'impact.
Face à lui, la famille des victimes est apparue accablée de chagrin mais d'une extrême dignité et sans désir de vengeance à son égard. Une famille basque, deux parents et trois frères, unis et solidaires, que son avocate dépeindra comme une étoile à 5 branches dont une a été fauchée à jamais.
La Procureur de la République a requis trois ans de prison, dont un an ferme, avec placement à son domicile sous bracelet électronique, l'obligation d'un travail, du versement d'indemnités aux victimes, l'impossibilité de passer son permis de conduire, qui a été annulé, avant trois ans.
Le prévenu, placé sous contrôle judiciaire depuis le drame, avait, selon son avocat déjà trouvé un travail, suivi des soins. Dans ces réquisitoires, maitre Tugas voit l'opportunité d'une réinsertion :
Le procureur de la République a considéré que cet « après » devait être aménagé considérant que ce garçon a fait depuis septembre 2017 démonstration de son abnégation dans le travail, dans beaucoup de choses.
Le jugement sera rendu le 6 octobre. La famille des victimes n'a pas souhaité s'exprimer.
Voyez le reportage de Stéphanie Deschamps et Sandrine Estrade qui ont suivi l'audience ce mardi 22 septembre 2020 :
A l'époque, le drame avait secoué tout le village. La municipalité avait décidé d'annuler une partie des festivités.
Une stèle avait été dressée sur les lieux de l'accident un mois plus tard.