Ce lundi 18 septembre s’ouvre la deuxième journée de procès d’assises, à Bayonne. Les vidéos des caméras de surveillance ont été diffusées devant la cour d'assises. Des images violentes de l'altercation entre les accusés et le chauffeur de Trambus Phillipe Monguillot mort le 5 juillet 2020 à Bayonne.
Ces vidéos sont une pièce maîtresse dans ce procès. Leur diffusion a laissé la salle d'audience des assises de Pau dans un profond malaise.
Des images violentes
Elles en disent long sur la violence de la rixe qui a coûté la vie au chauffeur de bus. Comment Philippe Monguillot s’est-il retrouvé roué de coups, dans le coma ? Les images montrent le chauffeur qui porte le premier un coup de tête à Wissem M. l'un des accusés, après un échange animé ; un coup violent dont la motivation reste un mystère. Puis une bagarre éclate, Wissen M. porte à son tour un coup de poing au visage de Philippe Monguillot. Le chauffeur titube et s'effondre lourdement sur le trottoir. Il chute sur le dos et sa tête percute violemment le bitume.
Coup de poing au visage fatal
Quelles sont les raisons qui ont poussé les deux accusés à cette violence ? Ces questions sont au cœur de cette deuxième journée d’audience qui s’ouvre ce lundi 18 septembre, à la cour d’assises de Bayonne. Les deux jeunes hommes, en état de récidive au moment des faits, reconnaissent avoir frappé le conducteur de bus. Mais ils vont devoir expliquer leurs gestes. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
"Je ne suis pas un monstre"
C'est Wissem M. qui prend la parole en premier. En chemise blanche, il raconte cette soirée du 5 juillet 2020, où Philippe Monguillot perd la vie, à 59 ans, après une rixe qui a éclaté à l'arrêt de bus "Balichon", dans le centre de Bayonne. "Il nous insulte. J'allais sortir, mais il m'a mis un coup de tête", explique l'accusé. Il raconte ensuite avoir décoché plusieurs coups de poing au chauffeur de bus qui tombe alors à terre. "Je suis parti en courant par peur qu'il m'attrape", explique Wissem M.
L'accusé se met ensuite à pleurer. "Mon avocate m'a dit qu'il était mort. C'est un drame, si je pouvais revenir en arrière", lance Wissem M. sans terminer sa phrase. "Je ne suis pas un monstre, j'ai toujours été gentil, si je pouvais donner ma vie à Philippe Monguillot, je le ferais. Je suis prêt à payer", conclut-il, visiblement bouleversé.
"Je pensais qu'il avait pris un KO"
Maxime G. prend ensuite la parole, dans le box des accusés. L'air hagard, il raconte la journée qui précède les faits. "On est allés à l'arrière du bus, on n'avait pas payé. On rigole, on était alcoolisés", explique l'accusé, qui explique avoir déjà croisé le conducteur dans la journée.
"Le chauffeur nous dit de mettre le masque, on lui répond qu’on va descendre. À ce moment, il attrape Wissem par le bras, et lui met un coup de boule. Et le coup était violent. Ça m’a choqué. À ce moment-là, il n'y avait pas de violences", argumente Maxime G. à la barre, les yeux fermés.
Il décrit ensuite leur expulsion violente du bus jusqu'au moment du drame. "Le chauffeur tombe par terre. J’ai mis un coup de pied. J’étais alcoolisé, ma tête tournait, je n'ai pas réussi à m’interposer entre les deux utilement. Je pensais qu’il avait pris un KO, qu’il allait être sonné deux ou trois jours", semble regretter le jeune homme, qui avoue avoir écrit une lettre sans oser la poster.
Report d'audience du troisième accusé
Un troisième accusé comparaissait libre pour avoir hébergé les deux hommes. Il encourt cinq ans de prison, pour délit de soustraction d’un criminel. En raison d'une atteinte de psychose schizophrénique dont est victime l'accusé, son avocate a demandé la disjonction et son renvoi devant le tribunal correctionnel, soutenue par l'avocat général. La cour a finalement statué : il sera jugé ultérieurement et reste sous contrôle judiciaire.
Cet après-midi, la cour reviendra sur l’enquête. Deux enquêteurs de police et trois experts prendront la parole pour expliquer ce que leurs recherches ont permis de découvrir sur les circonstances du décès de Philippe Monguillot. Des photos et vidéos de caméra surveillance vont être projetées. Des moments douloureux pour la famille de Philippe Monguillot, qui sort régulièrement de la salle.
Enfin, la partie civile, devrait s’exprimer dans l’après-midi. Il s’agira de la veuve de Philippe Monguillot, Véronique, ainsi que leurs trois filles. Le verdict est attendu jeudi soir.