Dix ans d'emprisonnement ont été requis ce jeudi à Pau contre une femme de 52 ans jugée en cour d'assises pour le rocambolesque enlèvement en 2012 de son fils autiste, à l'époque confié au père, un enfant qui avait été retrouvé neuf mois plus tard en Grèce.
a déclaré l'avocate générale Brigitte Delobel-Defix, soulignant la nécessité d'empêcher que Cathy Livarek, déjà condamnée pour un premier enlèvement en 2004, "recommence ou perpétue un autre crime". Elle a assorti sa réquisition de 10 ans de suivi socio judiciaire, et 10 ans d'interdiction de détention d'arme.Je demande 10 ans d'emprisonnement
L'avocate générale a requis trois ans de prison contre deux complices de l'enlèvement: le chauffeur et "astrologue" Thierry Grandjean, et l'ancien militaire Stéphane Moulin, qui avait fait office d'"ouvreur" dans la folle équipée qui les avait menés en Grèce.
Deux ans de prison, assortis ou non de sursis, ont été requis pour deux autres complices, Nathalie Sanz et Lie Kellekolio.
L'adolescent, Ruben, 15 ans à l'époque des faits, souffrant d'autisme, "a subi l'atteinte la plus précieuse, celle d'aller et venir", a lancé l'avocate générale, estimant Mme Livarek "indifférente aux conséquences de ses actes sur son fils et incapable de se remettre en question".
L'adolescent vit "une vie en lambeaux" et, selon les rapports d'experts, l'enlèvement aux conséquences désastreuses l'a empêché d'acquérir une "autonomie", a pour sa part accusé Me Antoine Tugas, avocat du père, partie civile.
Il a rappelé les mots de Ruben au juge d'instruction:
J'ai été enlevé, c'est une chose affreuse qui m'est arrivée (...) j'ai été privé de toute ma famille.
Et à plusieurs reprises, mercredi encore au procès, l'enfant a demandé des "explications" à sa mère.
En janvier 2012, Ruben, qui vivait chez son père, avait été enlevé par un complice devant son lycée à Bayonne, puis remis à sa mère. Avec l'aide d'un chauffeur "ouvreur", d'un chauffeur "convoyeur", et d'une troisième complice, il avait été conduit en Italie puis en Grèce, où il avait été retrouvé 9 mois plus tard avec sa mère.
Tout au long du procès, Cathy Livarek s'est présentée comme une "bonne mère" qui a enlevé l'enfant pour son bien, pour le soustraire à l'emprise du père, selon elle néfaste pour son état. Elle a aussi minimisé la gravité des faits: "on a fait un enlèvement, on était tous d'accord, et voilà..."
Décousue, agitée, elle s'est aussi conduit avec agressivité, récusant son avocat, coupant la parole au président, qui a menacé de l'expulser maintes fois, et a fini par le faire brièvement mercredi, lors du témoignage, poignant et heurté, du fils.
Le verdict est attendu vendredi.