À 23 ans, la cycliste raconte la Grande Boucle : les efforts, le Tourmalet dans la brume, les doutes, la joie de voir ses proches sur le bord de la route et les difficultés de la vie de semi-pro.
Elle est grimpée sur un vélo de course un peu par hasard, à l'âge de huit ans. À 23 ans, la Girondine India Grangier a franchi la ligne d'arrivée du Tour de France pour la première fois dimanche 30 juillet. Elle avait déjà participé à la précédente édition, sans parvenir à terminer la course. Aujourd'hui, elle raconte à France 3 Aquitaine la semaine hors du commun qu'elle vient de vivre.
India Grangier ne vient pas d'une famille de cyclistes. "Au début, ce n'était pas forcément moi qui en avais envie, avoue même la jeune femme. Mon frère a commencé, alors j'ai suivi, et aujourd'hui, le vélo, c'est devenu toute ma vie." Originaire de Bazas, la cycliste a fait ses débuts au vélo club de Langon.
La Grande Boucle dans son Sud-Ouest natal
Depuis, la Girondine a pris du gallon, assez pour participer au Tour de France. En 2022, elle n'était pas allée jusqu'au bout. Cette année, la semi-pro a longtemps hésité avant de prendre le départ de la course, qui se déroulait, cette fois, dans sa région.
"Je savais que mes amis, mes proches seraient sur le bord de la route, mais avec ma condition physique qui n'était pas optimale, je me disais que ça allait être difficile de faire un résultat, j'avais peur de les décevoir." Finalement, elle décide de balayer ses doutes et de participer.
Je me suis dit : "le Tour ne passera jamais aussi proche de la maison donc vas-y !"
India Grangier, coureuse semi-professionnelleFrance 3 Aquitaine rédaction web
Un Tourmalet "épique"
Et elle ne regrette pas sa décision. Sur la route, elle voit son nom écrit sur des pancartes, ses proches qui lui crient des encouragements. "Je les sentais derrière moi et je me suis dit, en fait, tu as l'air de les rendre fiers, donc pas de pression, donne tout ce que tu peux."
Pour elle, le col du Tourmalet est l'épreuve décisive. C'est aussi son plus beau souvenir. Portée par la foule qui était venue en nombre, elle réussit à finir la 7ᵉ étape, sans doute la plus difficile de ce Tour.
L'ambiance, la brume, je pense que ça a rajouté du charme à cette épreuve, ça l'a rendue épique, je m'en souviendrai toute ma vie.
India GrangierFrance 3 Aquitaine rédaction web
Mais India Grangier a bien failli ne pas arriver jusqu'au Tourmalet. Lors de la 5ᵉ étape, la cycliste désespère. À peine l'épreuve entamée, elle se retrouve dans le dernier groupe. "Il me reste 110 km, le parcours en vallonné. À ce moment-là, je sais que ça va être très dur, je me dis 'le Tour de France s'arrête ce soir'." La coureuse trouve quand même les ressources pour finir l'étape.
Je ne voulais surtout pas abandonner et monter dans la voiture.
India GrangierFrance 3 Aquitaine rédaction web
Sur le Tour de France, les participantes qui ne réussissent pas à finir l'épreuve dans un temps imparti sont disqualifiées. Finalement, c'est juste, mais ça passe pour la Girondine, qui n'était pas dans sa meilleure condition physique.
Concilier études et vélo
Étudiante en finances dans une école de commerce en parallèle de sa pratique sportive, India Grangier tente, tant bien que mal, de concilier ses études et le cyclisme. Cet hiver, un stage en audit l'a empêché de faire ses entraînements et sa préparation physique. "Forcément, j'accepte d'avoir un niveau en dessous, je sais que je ne fais pas 100% du vélo, explique la semi-professionnelle. C'est un choix, même si c'est frustrant de ne pas avoir plus de temps pour rouler."
Après huit jours d'une course hors du commun, la jeune femme pointe à la 109ᵉ place au classement général. L'objectif de finir le Tour est rempli. "Je suis plutôt contente de ce que j'ai réussi à faire avec mes moyens", conclut la cycliste.
J'ai beaucoup appris sur moi-même, je sais que mon corps peut encaisser huit jours d'efforts assez violents sans s'effondrer, même s'il y a toujours des hauts et des bas.
India GrangierFrance 3 Aquitaine rédaction web
Pour la jeune femme, passer professionnelle reste un objectif. "Le vélo, c'est déjà 90% de ma vie, mais j'aimerais bien intégrer une équipe Word Tour [le plus haut niveau dans le cyclisme sur route], voir si je peux et si ça me plait d'en faire mon métier pendant un petit moment." Une chose est sûre, elle fera tout pour être de nouveau sur les routes du Tour l'an prochain.