En ce quatrième jour d'audience, des médecins et infirmières ayant travaillé auprès de Nicolas Bonnemaison, se sont succédés à la barre devant la cours d'assises de Maine-et-Loire.
Pour qualifier Nicolas Bonnemaison, certains de ses anciens collègues ont évoqué ce jeudi le sentiment d'entière confiance d'autres parlaient d'un trouble que leur inspirait l'ex-urgentiste bayonnais.
Stéphanie Lacombe a ainsi rappelé avoir trouvé des collègues infirmières de l'hôpital de Bayonne "très troublées, très perturbées, bouleversées",
par le décès de Catherine Iramuno, 86 ans, l'une des patientes en phase terminale à qui Nicolas Bonnemaison est accusé d'avoir injecté des sédatifs abrégeant la vie, en 2010-2011.
Elles lui ont parlé "d'agissements troublants" du Dr Bonnemaison, qu'elles avaient vu "préparer des produits".
Trouble accru, sans doute, par le fait qu'elle ait entendu Nicolas Bonnemaison parier avec un aide-soignant:
Je te parie un gâteau que Mme Iramuno ne sera plus là l'après-midi
L'infirmière reconnaîtra pourtant n'avoir pas été choquée sur le moment par le pari, mais "après, vu ce qu'il s'est passé".
Aux antipodes de ce "trouble", Thierry Saint-Val, urgentiste dans l'hôpital où exerçait le Dr Bonnemaison, parlera avec des mots forts de sa confiance en son collègue.
S'il m'arrivait quelque chose, si je me trouvais en soins palliatifs, je fais confiance au Dr Bonnemaison pour trouver les médicaments qu'il me faudrait le jour venu (...) pour ne pas prolonger mon agonie mais sans provoquer délibérément la mort
a-t-il affirmé.
Le médecin, qui s'est défini comme "chrétien", a aussi rappelé à la Cour, que la loi Léonetti (2005) sur la fin de vie pose "qu'on a le droit d'utiliser des médicaments dont l'effet secondaire peut provoquer la mort".
La raison obéit à la loi, la conscience, elle, obéit à l'humain
a-t-il asséné, grinçant que dans la "Bible" des médicaments, le Dictionnaire Vidal, "il n'y pas de recommandation" sur leur utilisation en toute fin de vie.
Martelant que le médecin est là pour "apaiser, pas tuer", le Dr Saint-Val a lui aussi reconnu ne pas toujours associer les familles à la décision de sédater un agonisant, faute de temps pour "gérer leur stress, leurs angoisses".
Dans l'urgence, je n'ai pas besoin de la famille. Je leur explique ce que j'ai fait, mais je ne prends pas leur avis (...) On a tous envie que le médecin s'occupe en priorité de nous, pas de notre famille.
Acquitté en première instance à Pau en juin 2014, Nicolas Bonnemaison, radié néanmoins de l'ordre des médecins, encourt la réclusion criminelle
à perpétuité.