La France est le premier exportateur de semences. Depuis le conflit en Ukraine, également grand acteur du secteur, l'inquiétude grandit : va-t-on manquer de semences en 2023 ? Depuis cet été, la sécheresse aggrave le problème. En Béarn, on craint de ne pas pouvoir produire plus de 50 % des semences de maïs attendues.
C'est un nouvel effet de la sécheresse et du manque cruel d'eau. Le maïs pourrait se faire plus rare l'année prochaine. Une nouvelle source d'inquiétude pour les agriculteurs.
Le cas du maïs en Béarn
Une des pires années en matière de production. C'est du jamais vu !
Bernard Layre, président de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques.France 3 Aquitaine
Le président de la Chambre d'agriculture ne cache pas son inquiétude concernant la production de semences de maïs cette année. "Nous sommes dans une période exceptionnelle et inédite. Incomparable avec 1976 et 2003 (été caniculaires historiques, ndlr). On cumule différents épisodes climatiques tels que le gel, la grêle, la sécheresse avec ces journées de forte canicule".
Alors qu'il doit recevoir les agriculteurs concernés, Bernard Layre sait déjà ce qu'ils vont lui annoncer : la production sera presque moitié moindre par rapport à l'an dernier. Car l'eau aura manqué au cours de l'évolution des plants. "Nous avons un quart des producteurs qui irriguent aujourd'hui. Donc les 3/4 sans irrigation". Or, pour le maïs comme pour le tournesol, il y a des contraintes d'irrigation. Mais la sécheresse a obligé les agriculteurs à limiter le recours à l'arrosage.
Chez ce maïsiculteur d'Uzein, Damien Coustille-Cossou, effectivement, le constat est sans appel "40 à 50 % de l'épi est fécondé... sur lequel on n'utilisera pas la totalité des graines".
Cet été, au moment de la pollinisation, c'est-à-dire autour du 14 juillet, nous étions en plein pic caniculaire. Pourtant, c'est justement à ce moment-là qu'il faut éviter le stress hydrique pour que la plante produise ensuite à pleine capacité. Résultat : l'agriculteur s'attend à une baisse de rendement de moitié dans cette parcelle de 11 hectares dans la plaine du Pont Long.
C'est un coup dur pour celui qui a déjà connu dans ce coin du Béarn un épisode de grêle en juin. Il estime sa perte de rendement entre 30 et 40%.
Le reportage sur le manque de semences, réalisé par Elise Daycard et Eliott Sentenac est à découvrir ci-dessous.
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Des cours des prix maintenus
Même si toute l'Europe est concernée par le manque d'eau comme les conséquences du conflit en Ukraine, les cours des céréales restent stables. Bernard Layre explique que, là-aussi, c'est inhabituel car "le prix des céréales est lié au potentiel mondial de production (de céréales). Pour l'instant, on ne peut pas dire si les prix vont se maintenir ou pas : ça dépendra aussi de la tension du côté de l'Ukraine."