Quand les médecins de Lubersac n'arrivent plus à joindre le CHU de Limoges

A Lubersac, 4 médecins ont écrit une lettre au directeur du CHU de Limoges et alerté le conseil de l'ordre de Corrèze. Les généralistes sont fatigués de ne pas pouvoir communiquer avec leurs confrères spécialistes de l'hôpital.

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C’est à la fois un geste de ras-le-bol et un appel à l’aide. Il y a quelques jours, les 4 médecins de la maison de santé pluridisciplinaire de Lubersac ont adressé une lettre à la direction du CHU de Limoges et au conseil de l’Ordre des médecins pour dénoncer les difficultés de communication qu’ils rencontrent avec le Centre hospitalier régional et universitaire de Limoges.

"Je suis un petit garçon depuis sa naissance suite à une malformation et dernièrement sa maman m’a alerté à propos de malaises. Dans la foulée, j’ai essayé de joindre un spécialiste en neuro-pédiatrie à Limoges, mais je n’y suis pas parvenu", explique Jean-Marc Jacob, l’un des praticiens de Luberzac. En désespoir de cause, le médecin a dû se résoudre à « passer par les urgences ». "Le médecin de garde que j’ai ensuite eu m’a confirmé que ce petit garçon a besoin d’un bilan, mais il m’a conseillé pour obtenir un rendez-vous rapidement de passer par les urgences".

Des urgences de plus en plus saturées. Mais qui restent souvent le seul recours pour accéder à des spécialistes dans des délais raisonnables. "Ca m’est arrivé d’y aller et c’est long. Il faut faire 50 kms et il y a beaucoup de monde, on doit beaucoup attendre. C’est une journée de perdue pratiquement, à patienter", raconte une patiente du cabinet.

Le CHU de Limoges injoignable

Pierre Beylie est l’un des 3 autres médecins de la maison pluridisciplinaire de Luberzac. Installé depuis 2000, il a vu la situation empirer, notamment depuis le covid. "Régulièrement nous avons besoin d’un lit spécialisé et nous devons prendre rendez-vous avec nos confrères spécialistes. Mais nous avons de plus en plus de mal à joindre le CHU de Limoges. Nous n’avons pas les numéros directs, mais celui des secrétariats qui souvent font barrage ou mettent un temps trop long pour répondre".

Le généraliste connait les difficultés de ses confrères du CHU, débordés comme lui, et il n'envisagerait pas de les déranger tout le temps. Il insiste donc sur le fait que les appels des généralistes sont toujours liés à des "choses importantes" .  

Nous n’avons pas les capacités des spécialistes, ni les connaissances, ni le matériel , et nous avons besoin d’eux mais la conjoncture actuelle, la pénurie de médecins, le manque de temps font que nous sommes souvent livrés à nous-même et ce sont nos patients qui sont en premières lignes, qui souffrent de ça.

Pierre Beylie, médecin généraliste à Lubersac

Le CHU répond

En réponse au « coup de gueule » de ces généralistes, le CHU de Limoges a répondu ce 20 juillet 2021 par un long communiqué de presse dans lequel il reconnait qu’à cause de la crise sanitaire, il a dû "adapter les prises en charge des patients pour assurer l’ensemble de ses activités (…)". Dans ce contexte, "des changements, souvent au quotidien, ont été nécessaires pour adapter nos organisations et en informer nos patients comme nos correspondants de la ville".

Et l’établissement de rappeler que depuis plusieurs années, il s’est engagé pour faciliter la relation ville-hôpital et assurer une meilleure coordination pour la continuité des soins des patients : "Le déploiement d’outils de communication et de dossiers patient partagés permet aux médecins, qu’ils soient hospitaliers ou libéraux, de gérer au mieux leur temps et leurs contraintes".

Dans la gestion de la crise sanitaire, le CHU rappelle que plusieurs actions ont été organisées conjointement, notamment pour les dispositfis de vaccination « aller vers » dans les territoires ruraux.

L'aide des outils numériques

Pour améliorer le lien entre la médecine de ville et ses services, le CHU de Limoges mise aussi sur les nouveaux outils numériques. Il a ainsi été l’un des premiers centres hospitaliers en France à déployer une messagerie sécurisée, adaptée aux dossiers patients des médecins de ville, qui permet la transmission des lettres de sortie.

Le CHU participe également au développement d’un centre de e-santé (télémédecine) pour assurer l’offre de santé dans les territoires en sous-densité médicale.

Enfin, il développe actuellement une messagerie instantanée, destinée à faciliter la communication entre les médecins de l’hôpitâl et de ceux de la ville… De quoi peut-être faciliter aussi les échanges avec les médecins de Luberzac.

L’hôpital de Brive joue la proximité

Au centre hospitalier de Brive, on est également conscient du problème et tout est mis en œuvre pour aider les médecins traitants.

On a mis en place des lignes dédiées et des créneaux au niveau des secrétariats pour que, quand les médecins, appellent on passe directement le spécialiste pour qu’il puisse répondre.

Jean Baptiste Dehaine, directeur adjoint de l'hôpital de Brive

Ce dispositif n’est toutefois pas généralisé et le responsable reconnait qu’il est compliqué à mettre en place : "Les médecins traitants ont beaucoup de patients et sont de moins en moins nombreux, et au niveau de l’hôpital, ça bouge aussi beaucoup car nos médecins sont très pris".

Avant le covid, pour entretenir ce lien « ville-hôpital », le centre hospitalier briviste organisait des rencontres tous les ans avec les médecins généraux et ceux, notamment les nouveaux, de l'hôpital. Mais la crise a tout stoppé.

A Lubersac, les généralistes réclament des lignes dédiées pour contacter directement les médecins soit d'astreinte, soit concernés par la pathologie qu'ils ont à traiter. Une réunion avec le CHU de Limoges devrait avoir lieu d'ici la fin de l'été. 

 

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