Une main-d'œuvre française inexistante et des règles sanitaires qui rendent l'emploi de saisonniers étrangers compliqué, paradoxalement les pommiculteurs se réjouissent d'une récolte 2020 qui s'annonce plus faible que d'ordinaire
Jérôme Pinaud exploite 73 hectares de fruitiers, à cheval sur les communes de Saint-Cyr les Champagnes (24) et Juillac (19). 73 hectares, des pommiers à perte de vue, et des pommes qu'il faut cueillir à partir de la mi-septembre jusqu'à début octobre. Travail saisonnier s'il en est.
Ces "petits boulots" de 35h très physiques et payés au SMIC étant boudés par les français, la main-d'œuvre étrangère s'y est spécialisée depuis de nombreuses années. Ici à cette époqsue entre les pommiers, on parle d'ordinaire portugais, espagnol ou polonais.
Cette année, la pandémie a rendu les choses nettement plus difficiles. 900 postes de cueilleurs étaient à pourvoir dans le nord-est de la Dordogne, mais les contraintes sanitaires imposées différemment et sans concertation dans les différents pays européens a singulièrement compliqué la donne pour les exploitants. Pour simplifier la chose, ils ont bien tenté de recruter en France, mais sans vraiment de succès. Les étudiants par exemple ont déjà retrouvé les bancs de la fac. Jérôme Pinaud n'a réussi à trouver que 10 saisonniers locaux sur les 80 qu'il espérait.
À Saint-Cyr-les-Champagnes on a donc fait, comme d'habitude, appel aux étrangers. La situation a rendu impossible l'habituel recours à la main-d'oeuvre portugais, auxquels se sont substitués des polonais et des espagnols venus d'Andalousie.
Cela n'a résolu qu'une partie du problème. Ceux qui ont bien voulu (et pu) venir de l'étranger doivent par exemple respecter la quatorzaine. Ce qui signifie passer 15 jours bloqués sur l'exploitation. Beaucoup de saisonniers prennent des vacances dans leur pays pour venir faire la saison en France, et ne peuvent pas se permettre ces deux semaines loin de chez eux.
En plus des masques et du lavage régulier des mains, les saisonniers en quatorzaine doivent rester sur l'exploitation en vase clos, sans même pouvoir aller au village pour faire leurs courses. Il a fallu s'organiser pour effectuer des livraison. Dans les logements, les capacités d'accueil ont été réduite pour respecter les distanciations sociales. Dans les chambrées, on n'accueille plus que 4 saisonnier là où il y en avait 6 l'an dernier.
Pour résumer, Jérôme Pinaud n'a embauché cette année qu'environ la moitié de son effectif ordinaire. Une situation qui aurait pu être tendue... si la saison avait été meilleure. Car sécheresse oblige, cette année, la récolte ne sera pas exceptionnelle. Une baisse de 40% par rapport à l'an dernier. Et du coup les effectifs réduits devraient suffire. À quelque chose, malheur est bon.
Il reste des emplois à pourvoir, vous pouvez appeler Pôle emploi et l'Association nationale pour l'emploi et la formation en agriculture (ANEFA) du lundi au vendredi, au 05.53.35.88.19.