Rétro sports : 16 octobre 1968, le jour où Colette Besson a fait la révolution olympique

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C'est la ligne droite d'une vie. Lors des Jeux de Mexico, la Charentaise remporte au finish le 400 mètres. La légende de la petite fiancée de la France est née.

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En 1968, la colère gronde partout. En Europe, au Japon ou encore au Mexique où vont se dérouler les Jeux Olympiques à l'automne, les étudiants se révoltent.
En France, le mouvement sort des amphithéâtres pour descendre dans la rue. Les ouvriers entrent dans la danse et en mai, tout le pays est paralysé par la grève générale. Le pouvoir vacille. Jusqu'à dix millions de personnes cessent le travail avant la négociation des accords de Grenelle, qui actent une hausse de 35 % du Smic. 
Le 7 avril, Colette Besson a fêté ses vingt-deux ans. Dans son domaine,  l'athlète de Saint-Georges-de-Didonne va aussi faire la révolution, sur le tour de piste du 400 mètres.
 

Une préparation dure et innovante


A l'époque, la jeune prof de sports dans une école de La Réole en Gironde est licenciée au Bordeaux Etudiant Club. Elle est entraînée par un coach iconoclaste, aux méthodes novatrices, Yves Durand Saint-Omer. Il la fait courir sur le sol souple d'un manège équestre. Le but? Forger une musculature naturelle. La Charentaise court beaucoup également en forêt.

Son coach l'initie aux bienfaits du  "fartlek". Importée des pays nordiques, cette méthode consiste à alterner les sprints avec des temps de repos.
Sans oublier les séances de sprint fractionné sur la piste du stade d'athlétisme du BEC. 

Le coup bas de Budapest


Colette Besson et son coach commencent à faire parler d'eux. Ce qui agace les huiles de la fédération française qui ne partagent pas vraiment l'esprit de liberté et de nouveauté. Alors que ses résultats sportifs lui offrent un billet pour les championnats d'Europe à Budapest, sa sélection est annulée. Officiellement en raison d'une performance moyenne lors d'une compétition quelques jours plus tôt à Rotterdam.  Et son couloir restera vide en Hongrie.

Merci à Mai 1968


Ecoeurée, meurtrie, "Cendrillon", comme la surnommait le journaliste et écrivain de l'Equipe, Antoine Blondin, songe même à arrêter la compétition. Mais la Charentaise reçoit des milliers de lettres de soutien. Un immense réconfort populaire qui lui redonne l'envie de se battre. Puis les événements de mai 1968 vont tout changer.
Toutes les écoles, dont la sienne, étant fermées, elle prend la direction de Font-Romeu pour préparer les Jeux Olympiques le 19 mai. 

Jusqu'à fin septembre, Colette Besson va préparer avec son coach les Jeux Olympiques dans des conditions idéales, en altitude, comme Mexico...Le reste de l'équipe de France n'arrivera dans les Pyrénées que deux semaines avant le départ aux Jeux. 

La finale, au mieux



Même parfaitement préparée, la championne de France du 400 mètres ne croit pas à la victoire. Elle n'a en effet que le vingt-troisième temps des concurrentes en lice. 
Elle vise la finale, ce qui serait déjà une grande performance.

Avec Yves Durand Saint-Omer à ses côtés, après bien des galères car il n'est pas intégré à la délégation française.
Mais rien ne perturbe la tricolore. Elle remporte sa série, puis termine deuxième de sa demi-finale. Colette Besson impressionne et devient l'une des surprises possibles de la finale.

Un rami pour se détendre


Ce 16 octobre, c'est le grand jour. L'atmosphère est électrique. Dossard 117 sur le dos, elle est au couloir 5. Pour la détendre, son mentor fait un rami (jeu de cartes) avec elle. 
En France, ceux qui ont un téléviseur n'ont d'yeux que pour elle. 
Après trois cents mètres de course, la française se sent pousser des ailes et commence à y croire :

Je ne pensais pas gagner. Mais après trois cents mètres de course, je me suis dit, pourquoi pas? Tu es bien, continue! Et c'est passé.


Subjugués, les spectateurs du stade de Mexico et les téléspectateurs devant leurs écrans à travers toute la planète voit la charentaise dépasser toutes ses adversaires dans une dernière ligne droite extraordinaire. La grande favorite, la britannique Lillian Board cède sur le fil. 

En 52'03, Colette Besson est championne olympique, record d'Europe à la clé, celui du monde raté pour un dixième. 
Dans les tribunes, son coach est en larmes, comme tous ses proches. L'exploit est gigantesque.
Lors des premières notes de la Marseillaise sur le podium, elle fond en larmes et émeut la France entière.

Les mots de Pompidou et les larmes de De Gaulle 


Colette Besson, à peine sa médaille d'or autour du cou, gagne un surnom qui restera jusqu'à la fin de sa carrière, "la petite fiancée de la France".
Georges Pompidou, qui n'est pas encore président, lui écrira de sa main un petit mot qui la touchera profondément :

Bravo mademoiselle pour votre victoire, pour la façon dont vous l'avez fêté et dont vous l'avez accueilli. 

Lorsqu'il lui remettra quelques semaines plus tard la Légion d'Honneur à l'Elysée, Charles De Gaulle lui avoue même qu'elle fut la seule femme à l'avoir fait pleurer.

Un accueil triomphal


Son retour en France est digne d'une rock star. Plusieurs centaines de personnes se bousculent à la gare Saint-Jean à Bordeaux. Chez elle, à Saint-Georges de Didonne, elle a même droit à un défilé dans une voiture cabriolet au milieu d'une foule indescriptible. 

Colette Besson, qui ne cessera de combattre le dopage dans toute sa carrière, entre au Panthéon du sport français. Le 9 août 2005, elle s'en va à jamais rejoindre les étoiles du sport français. Aujourd'hui, environ quatre-vingts stades en France portent son nom.




 
 
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