Un panneau de la Ville de Marmande échoué 200 km plus loin à Cordouan : itinéraire d'une pollution plastique

Des gardiens du phare de Cordouan ont retrouvé ce lundi un panneau de signalisation de la Ville de Marmande. Il a parcouru près de 200 km avant de s’échouer… comme bon nombre d’autres déchets plastiques se trouvant dans la Garonne.

À sept kilomètres en mer entre Royan et Vaux-sur-Mer, au cœur de l’estuaire de la Gironde, un phare. Le phare de Cordouan, le plus ancien d’Europe encore en activité. Après les nombreuses bouteilles à la mer qu’il a dû voir en quatre siècles d’existence, ce sont maintenant des panneaux de signalisation qui s’échouent à son pied !

Ce lundi, les gardiens du phare ont retrouvé un panneau de stationnement interdit de la Ville de Marmande (Lot-et-Garonne). C’est sur Facebook qu’ils ont partagé leur découverte.

Après la tempête Justine, le Sud-Ouest avait été frappé par d'importantes inondations. La quasi-totalité des routes de Marmande, commune durement touchée, étaient sous l'eau. Ce panneau a probablement été arraché à sa ville natale entre le 3 et le 5 février pendant la crue majeure de la Garonne, la plus importante en 40 ans.

Au gré de son voyage, l'objet a vu du pays, puisque 200 km séparent Marmande de Cordouan! Et nul doute que dans ses aventures, il a croisé la route d’autres déchets plastiques.

Les crues, puis la pollution plastique

Si les eaux de l’estuaire de la Gironde sont connues pour leur fort taux de cadmium, métal lourd nocif pour l’organisme, elles ne sont pas en reste concernant les déchets plastiques. L’estuaire est formé par la rencontre de la Dordogne et de la Garonne. Et sur le chemin de cette dernière se trouvent deux métropoles : Toulouse et Bordeaux.

"Plus on se rapproche des villes, plus on a de macrodéchets comme des bouteilles, des emballages" explique Magali Albignac, ingénieure d’études au CNRS en chimie. Avec d’autres spécialistes, elle a pris part au projet "PlastiGar", une étude sur la pollution plastique dans la Garonne et son effet sur la biodiversité.

La fragmentation de ces détritus en microplastiques et nanoplastiques dans les eaux s’avère être un enjeu sanitaire. Ils sont souvent composés d’agents polluants et nocifs pour la santé, comme le bisphénol et les phtalates, connus pour être des perturbateurs endocriniens.

"Ce n’est pas sain pour les organismes aquatiques qui vont se nourrir de ces microplastiques à la place des nutriments marins", souligne Magali Albignac. La pollution plastique serait grandissante selon la chercheuse. Elle tire la sonnette d’alarme sur les répercussions induites sur l’Homme, puisque les poissons et coquillages baignés de composants chimiques nocifs, se retrouvent ensuite dans nos assiettes.

Des déchets plus visibles selon la météo

Avec les courants, la montée des eaux et les vents, les déchets se dirigent vers l’estuaire de la Gironde, où s'accumulent principalement les micro-particules. Pendant des épisodes climatiques comme la crue de février dernier, les détritus plastiques naviguent sur les flots jusqu’à arriver en mer, comme dans le cas du panneau retrouvé près du phare de Cordouan.

Certes, on retrouve principalement des déchets, mais Cordouan est loin d’être une poubelle

Ophélie Roy, chargée de mission au SMIDDEST

"Quelques fois, ce sont de bonnes surprises que l’on retrouve près du phare" affirme Ophélie Roy, chargée de mission au syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde (SMIDDEST). "Certes, on retrouve principalement des déchets, mais Cordouan est loin d’être une poubelle" tempère-t-elle.

Le SMIDDEST a lancé une étude sur le comptage de la biodiversité, et attend une prochaine grande marée pour avancer ses recherches. De quoi brosser un tableau plus précis sur l’état de la pollution plastique dans les environs et l’évolution des espèces au pied du phare.

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