Ventes de vins en période de confinement : les cavistes limousins ont le moral

Le confinement n’a pas découragé les Français de boire un verre. Les apéritifs ont continué, pour le plus grand plaisir des cavistes qui préparent l’après 11 mai. A déconfiner avec modération quand même.
 

"Le confinement j’aime bien." Eric Reppert, un des créateurs et dirigeants du site vins-etonnants.com, l’avoue avec le sourire.
En 2003, à Ambazac, au nord de Limoges, il s’est lancé dans la vente en ligne de vins d’auteurs et vins d’artisans au naturel. Des bouteilles à prix abordables, des découvertes, des petits vignerons loin des Bordeaux ou Bourgogne à des prix élevés. Petit à petit ses critiques, ses goûts font mouche et sa clientèle s’élargie. Aujourd’hui, son immense entrepôt près de la gare est rempli de cartons. Son site est devenu l’un des mieux référencés et notés dans le milieu viticole. Et le confinement a encore plus renforcé sa notoriété.

Le 10 avril dernier, le journal Le Monde publie un article pour les amateurs, confinés, sur les meilleurs choix sur internet pour refaire son stock. Le site d’Eric Reppert est mentionné. « C’était juste avant le week-end de Pâques. Les retombées ont été incroyables. Je suis passé de 500 bouteilles par jour habituellement, à 2 000.  On a quadruplé les ventes ! Et juste après l’Express Styles et le supplément des Echos ont parlé de nous… Vous comprenez pourquoi le confinement j’aime bien ».

Pourtant, il a eu des craintes. « Le samedi 14 mars, quand Edouard Philippe a annoncé que les bars-restaurants allaient fermer, j’ai réalisé ce jour-là 169 euros de chiffre d’affaires ! Du jamais vu. Un tiers de ma clientèle étant professionnelle, j’ai eu très mal au moral. Je me suis demandé ce qu’il allait se passer ensuite pour l’entreprise ».

Il n’aura pas eu besoin d’attendre longtemps pour être rassuré. Dans la foulée, dès le dimanche les demandes ont augmenté de 30%, pour des directions bien précises :

J’ai une clientèle parisienne et avec l’annonce du confinement j’ai eu une avalanche de commandes pour des livraisons… vers la Normandie, les Landes, les côtes atlantiques, le sud. Incontestablement, les « réfugiés  ou exilés du Covid 19 » voulaient avoir des réserves pour les semaines à venir.


Malgré ce confinement, malgré la disparition des grandes tables animées, la fin d’un verre après le bureau, les Français n’ont pas voulu rompre avec certaines habitudes. Selon une étude ( Ifop pour le site Darwin nutrition spécialisé dans l’alimentation saine et publiée mercredi 6 mai 2020 dans Le Parisien/Aujourd’hui en France), ils ont même été 42% à prendre plus d’apéros qu'en temps normal. Notamment par les « apéros en ligne » avec les amis.

Du côté des cavistes traditionnels, qui ont pignon sur rue, c’est plutôt le soulagement. Malgré une baisse de fréquentation dans les magasins, ils ont pu sauver les meubles : "On a mis en place un système de livraisons.  Cela a très bien marché car finalement cela m’a permis d’assurer 50% du chiffre d’affaires", explique Nicolas Marchand, patron de Vinoble à Limoges. "Les achats évoluaient entre 4 et 12  euros la bouteille. Les flacons de prestige type grand vin ou champagne, là on a rien fait".

A Brive, la cave du Pic Vert a mis rapidement en place la box du confiné : "On a proposé une sélection de 6 bouteilles", détaille Pierre-Alexandre Bodiguel, l’un des responsables de la boutique.  "On en a vendu une centaine environ. Sur les ventes il y a eu trois phases. Au début du confinement, nos clients ont fait le plein, en pensant que ce serait un peu comme des vacances. Après ça s’est calmé durant 3 semaines. Mais depuis 10 jours ça repart. Les deux derniers samedis, au magasin, on a même fait autant qu’avant cette période".

Il y a sans doute une envie de "fêter le déconfinement". "Il n’y pas encore de véritable effet, pas de hausse sur le champagne par exemple, mais je m’attends à beaucoup de monde la semaine prochaine", raconte Nicolas. A partir du 11 mai, les "apéros physiques" vont pouvoir reprendre chez les uns et les autres (pour rappel, pas plus de 10 personnes ensemble). " A partir de mai, c’est une période où l’on boit en bande. C’est le début des vins festifs, les vins de printemps, un petit rouge léger ", explique  le Briviste Pierre-Alexandre.

A Ambazac, dans son entrepôt, Eric Reppert lui a constaté une plus forte demande depuis quelques jours sur le rosé. Sans doute les envies de barbecue qui reviennent. Et on peut le comprendre.

Attention, une nouvelle appellation pourrait être créée : à déconfiner avec modération !
 
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