L'anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation vient d'interdire un herbicide, le S-métolachlore. Cet herbicide est largement utilisé dans toutes les fermes françaises pour les cultures céréalières. Quelles conséquences pour les agricultures et qu'elles sont leurs inquiétudes, faute d'alternative ?
L'annonce a reçu un accueil mitigé par la plupart des agriculteurs. Depuis le 15 février dernier, le S-métolachlore, un herbicide utilisé dans toutes les fermes françaises qui cultivent des céréales, est interdit. Parmi les cultures concernées, le maïs et tournesol.
Modifier les pratiques agricoles
Laurent Lambert possède 230 hectares. Il utilise cet herbicide depuis une quinzaine d'années. "Le S-métolachlore est un produit anti-germinatif appliqué sur les cultures de maïs, tournesol et sorgho au printemps. Il empêche la levée des graminées estivales. C'est un produit dont on a encore besoin dans nos programmes de désherbage qui est très important", explique l'agriculteur.
Laurent Lambert accepte de remplacer cet herbicide, mais comment ? Avec d'autres agriculteurs, il réfléchit à modifier ses pratiques agricoles, mais c'est un travail de longue haleine.
"La modification se fait principalement par l'allongement des rotations pour limiter l'usage des produits phytosanitaires, par l'implantation de couverts végétaux pour limiter les fuites de nitrate. Ce sont des nouvelles techniques que l'on s'approprie, mais il nous faut un retour d'expérience et ça ne se passe pas du jour au lendemain", souligne-t-il.
Les agriculteurs doivent écouler les stocks
La décision de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation ravit les associations de défense de l'environnement. Elles dénonçaient depuis de nombreuses années la dangerosité de cet herbicide. "L'Anses sait que le produit S-métolachlore est cancérogène, possible ou probable depuis au moins deux ans. On aurait pu accélérer un peu la manœuvre et retirer le produit plus tôt", estime François Veillerette, porte-parole de l'association environnementale Générations Futures.
Dès 2004, la commission européenne avait aussi alerté les États membres sur la détérioration des eaux souterraines. Aujourd'hui, le S-métalochlore est interdit et les agriculteurs n'ont que quelques mois pour écouler leur stock.