Autrefois couvent de religieuses puis hôpital, le cloître situé sur les hauteurs de Montmorillon (Vienne), s’apprête à renaître. Propriété du CHU de Poitiers, la bâtisse abandonnée vient d'être préemptée par la communauté de communes Vienne et Gartempe. Visite guidée en photos.
Lorsque l’on franchit les grilles de l’ancien hôpital de Montmorillon, le charme du XVIIIe siècle se révèle. Fenêtres à carreaux, cour végétalisée, chapelle : le cloître de cette commune de 6.500 âmes, dévoile un cadre au cachet indéniable. Mais il est, depuis plus d'un an, laissé à l’abandon.
Aujourd’hui, la communauté de communes Vienne et Gartempe (CCVG) veut redonner une chance à cette bâtisse de 2000m². Objectif : la transformer en centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap). Le projet prend "sens" aux yeux de Michel Jarassier, président de la CCVG. "Le lieu est idéalement situé sur les hauteurs de la Cité de l’Écrit, dans une ville riche en patrimoine, centre névralgique de notre territoire." Le bâtiment pourrait également accueillir une partie du musée de Montmorillon et un conservatoire de musique, chant et danse.
De la visibilité sur la cité de l'Écrit
Pourtant, la vente a failli passer sous le nez de cette communauté de communes de près de 40.000 habitants. Mise aux enchères pour 70.000 euros sur internet par son propriétaire, le CHU de Poitiers, le cloître de l’ancien hôpital devait être vendu à une société parisienne pour 113.430 euros. Mais en septembre 2021, la CCVG a décidé de préempter, lui permettant d’avoir la priorité sur l’achat.
L'achat devrait être finalisé dans quelques semaines. En attendant, ce mercredi 6 octobre, la directrice de l'hôpital de Montmorillon, Cécile Beneux, fait visiter les lieux à la presse, au président de la CCVG et au maire de la commune, Bernard Blanchet, ravi du projet : “Ça va nous apporter un peu plus de visibilité sur la cité de l’Ecrit”, espère-t-il, précédant les pas de la directrice au début de la visite.
“C’est un lieu chargé d’histoire"
Direction l’aile droite de la bâtisse, au rez-de-chaussée. Cette partie du bâtiment a été occupée jusqu’à l’automne 2020 par quelques services administratifs et des bureaux de syndicats. Du personnel aujourd’hui installé à quelques centaines de mètres de là, au sein du nouveau pôle médico-chirurgical.
La directrice de l'hôpital nous fait entrer dans l’une des seules pièces de la bâtisse conservée dans son jus : le bureau du conseil d’administration de l’ancien hôpital. Parquet en bois massif, hauteur sous plafond, lustre dorée : retour au siècle dernier. Au-dessus de la cheminée, une peinture de l'artiste local Raoul Carré, réputé pour ses toiles de paysage. Celle-ci date de la fin du XIXe siècle, on y voit l'hôpital depuis la rivière la Gartempe.
Cécile Beneux, directrice de l’hôpital de Montmorillon, mesure sa "chance" d’avoir investi ce bureau pendant cinq ans. “C’est un lieu chargé d’histoire", livre-t-elle. "Il y avait également un très beau bureau d’époque, nous l’avons conservé dans une salle de réunion des nouveaux locaux."
Autrefois couvent de religieuses, la bâtisse a été reconstruite en mars 1793 pour servir d’hospice-hôpital. Pendant près de deux siècles, l'établissement est géré par la congrégation des soeurs de la Sagesse. Elles quitteront les lieux en 1977.
Un projet d'auditorium pour l'ancienne chapelle ?
La visite se poursuit dans l’aile de gauche, en face, dans l’ancienne chapelle. Laissée à l’abandon depuis la crise sanitaire, il ne reste plus rien : quelques tapis, une statue de la Vierge Marie. Les messes à destination des résidents du centre hospitalier se sont arrêtées avec l’arrivée du Covid-19 et n’ont jamais repris.
"Comme le processus de vente était engagée, nous avons demandé une messe d’exécration pour retirer le caractère sacré du lieu", explique la directrice, précisant que tous les objets de culte, soutanes, ou chemins de croix, ont été remis au clergé.
Le président de la communauté de communes Michel Jarassier se projette dans les lieux : "On pourrait imaginer un auditorium qui accueillerait le public directement depuis la rue, sans passer par le cloître", pense-t-il à voix haute. "Tout est à réfléchir", complète le maire Bernard Blanchet, rappelant que le projet de centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap) n'en est qu'à ses "balbutiements". Il faudra attendre plusieurs années avant de voir le projet sortir de terre.
"La cité sera encore plus mise en valeur"
Quelques instants plus tard, direction le premier étage, où l’on passe par des couloirs avec un sol ancien composé de carreaux de ciment d’époque restauré. Les lieux ont été laissés tels quels. Dans l’une des pièces, des box individuels pour accueillir les résidents, séparés par des cloisons blanches et bleues.
En face, de grandes fenêtres donnant sur une pièce qui accueillait une ancienne bibliothèque et sur une terrasse ensoleillée.
Pour terminer, le clou du spectacle : le jardin. Celui-ci donne une vue imprenable sur la Cité de l’Écrit, de l’autre côté de la Gartempe. La direction du centre hospitalier et la communauté de communes devront décider sur la partie qui restera propriété du cloître, en lien avec le notaire. "Je suis sûre que l’on trouvera un terrain d’entente", sourit Cécile Beneux, directrice de l'hôpital de Montmorillon.
Les cloches de l’Église Saint-Martial, que l’on aperçoit au loin, sonnent 17 heures. "Nous avons la chance d'être dotés d'un beau patrimoine entre cette belle église, et l’église Notre-Dame", relate fièrement le maire. "Il ne reste plus que la restauration de ce cloître, et la cité sera encore plus mise en valeur."
La directrice de l’hôpital acquiesce. "C’est une grosse responsabilité d’être propriétaire d’un tel patrimoine. Nous sommes convaincus que nous faisons le bon choix en transmettant cette batisse à des investisseurs publics. Ce sont les plus à-même d’entretenir ce patrimoine, ce n’est pas notre cœur de métier en tant qu’hôpital."
La prochaine étape de ce projet : finaliser l’achat du cloître par la communauté de communes. La société Legao, qui avait l’intention d’acquérir le bâtiment pour en faire des bureaux d’entreprise et des logements, a deux mois pour faire recours. La directrice de l’hôpital se dit confiante.