Ces dernières années, de plus en plus de Françaises et Français sautent le pas d'un changement de vie professionnelle. Certains sont plus risqués que d'autres et peuvent surprendre. C'est le cas de la reconversion de Julie, psychologue devenue éleveuse de cochons il y a cinq ans.
Durant plusieurs années, Julie Jamain a travaillé comme psychologue au Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers. Aujourd'hui elle est à la tête de sa propre exploitation et commercialise ses produits qui sont à retrouver sur sa page Facebook.
Mais rapidement, l'enfermement, le ressenti d'un manque de liberté prennent le dessus : " Ce métier me pesait parfois, notamment depuis que j'étais maman et l'ambiance dans l'hôpital était compliquée. Ce qui me plaisait, c'était la nature et les animaux ".
Durant de longues semaines, l'hésitation est présente, les interrogations aussi. Avant finalement de franchir le pas, progressivement, d'abord en testant son activité partiellement, puis en s'y consacrant à 100 %.
Ce choix de changer d'activité représentait une part de risque, mais j'en ressentais le besoin.
Julie JamainGérante de "La Cochonnerie de Julie"
Un pari risqué, mais très vite assumé : "J'étais fonctionnaire, mais je n'étais pas titulaire de mon poste. Mais, en tant que psychologue, j'avais une paye plutôt sympa, neuf semaines de congés chaque année. Ce choix de changer d'activité représentait une part de risque, mais j'en ressentais le besoin ".
En France, 90 % des Français ont déjà pensé à changer d'activité professionnelle. Seulement 28 % franchissent le pas.
Un métier physique
Sans griller les étapes, Julie a fait grandir son exploitation ces dernières années. Aujourd'hui, elle élève 80 cochons, seule : "le choix de cet animal est venu par rapport à son caractère, mais aussi par son profil physique. Il est par exemple moins lourd qu'une vache et donc plus facile à bouger ".
Au quotidien, l'engagement de Julie est constant. Seule sur son exploitation, elle doit gérer le nourrissage des animaux, la communication, l'approvisionnement du magasin, l'accueil des clients, mais aussi endosser régulièrement le rôle de bricoleuse : "Il y a mille choses à gérer, très différentes les unes des autres" confie l'intéressée.
Je pense que quand on a l'envie, du courage et de l'ambition tout est possible.
Julie JamainGérante de "La Cochonnerie de Julie"
Même si le rythme est soutenu au quotidien, la trentenaire est loin de regretter son choix : "Si c'était à refaire, je le referais sans hésitation. Il y a une qualité de vie, des moments passés en famille, avec les amis et puis au contact de la nature. Je suis vraiment épanouie dans ce que je fais aujourd'hui. Je pense que quand on a l'envie, du courage et de l'ambition, tout est possible".
Des enfants aux anges
À ses côtés, Julie peut compter sur ses deux jeunes enfants, Emil et Yvon.
Ce dernier, l'ainé de la fratrie voit d'un très bon oeil l'activité de sa maman : "ça me rend fière, j'adore l'agriculture, être dehors avec les cochons".
Une boutique au coeur de l'exploitation
Régulièrement, Julie se rend sur les marchés pour vendre sa production (pâtés, viande...).
Mais depuis quelques mois, elle propose ses produits directement dans une petite boutique créée sur son exploitation.
On y retrouve l'ensemble des produits issus de son élevage porcin : "C'est important pour moi de tout vendre en circuit court. Les animaux sont élevés ici, abattus à quelques kilomètres et la production revient ici pour être vendue en direct" précise Julie.
En plus de sa production, Julie commercialise aussi d'autres produits locaux issus d'exploitations voisines (fromage, jus de pomme...). Avec l'objectif de développer encore cette activité d'épicerie.
Reportage de Dorian Bercheny et Guillaume Fautrat