Attaque de fourgon d'Incarville. Les agents pénitentiaires de Poitiers-Vivonne bloquent leur prison et demandent plus de moyens

Deux jours après l'attaque de fourgon qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en Normandie, l'émotion reste vive pour le personnel des prisons. En Poitou-Charentes, plusieurs centres pénitentiaires sont toujours bloqués, en signe de soutien aux victimes et de protestation contre les conditions de travail.

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Mardi 15 mai, à Incarville (Eure), l'attaque d'un fourgon qui transportait un détenu a causé la mort de deux agents pénitentiaires, et trois autres ont été blessés. Ce lourd bilan a rapidement provoqué l'émotion au sein des personnels des prisons. Dès mercredi, nombre d'entre eux se sont mobilisés pour bloquer l'entrée des centres pénitentiaires, notamment à l'appel de leurs syndicats.

Mercredi matin, les salariés de Poitiers-Vivonne se sont réunis devant leur établissement. Ils ont bloqué la porte d'entrée et allumé un feu. Dans la matinée, les sirènes de la prison ont retenti, juste avant une minute de silence particulièrement solennelle.

Comme l’ensemble de leurs collègues en France, les agents de Poitiers ont voulu marquer le coup, alors que les gardiens de prisons, notamment ceux du rattachement des extractions judiciaires, étaient encore sous le choc.

"Il y a une psychose qui va se mettre en place par rapport à tout ce qui s'est passé, les collègues ne sont pas prêts à remonter dans les camions", avertit Benoît Leborgne, délégué syndical CFDT pénitentiaire, du pôle de rattachement des extractions judiciaires. "J'espère que nos instances vont faire le nécessaire parce qu'on est vraiment en souffrance."

Crainte et revendications

"On commence à craindre un peu pour nous. Vous savez, on vient pour faire un travail, on vient pour chercher notre salaire", ajoute Stéphane Vilain, délégué syndical FO pénitentiaire. "Tout ce qu'on veut nous c'est voir nos familles, voir nos femmes, nos enfants, et les collègues d'hier malheureusement ne verront pas leur femme, leurs enfants, et c'est bien triste, et ce n'est pas normal d'en arriver là."

Rapidement, la crainte fait place aux revendications. Pour les syndicats, les événements tragiques de mardi mettent en évidence les lacunes matérielles et le manque d'effectif dans leur profession.

"Nos directions n'hésitent pas à baisser les niveaux d'escorte pour alléger le dispositif et on s'aperçoit qu'en face, on a des gens de plus en plus lourdement armés", s'inquiète Jérôme Rivallin, délégué syndical UFAP-UNSA. "Je pense que nos véhicules ne sont pas adaptés, nos équipements ne sont pas adaptés. En matière d'armes lourdes, on n'a que des armes de poing alors qu'eux en face, ils ont carrément des kalachnikovs et ils sont nombreux, ils sont organisés."

Aucune visite au parloir ni aucun transfert de détenu n’a été possible mercredi. Suite à la réunion organisée dans l'après-midi entre l'Intersyndicale et le ministre de la Justice, les agents pénitentiaires ont décidé de reconduire le mouvement "prison morte" ce jeudi.

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