Au Festival du Jeu en Poitou, de nouvelles idées pour rendre les événements populaires plus accessibles à tous les handicaps, visibles et invisibles

Les 7 et 8 octobre, Neuville-de-Poitou accueillait son festival de jeu annuel, divertir petits et grands dans une ambiance familiale. Pour la seconde année consécutive, l'événement s'est attaché à être aussi accessible que possible, et lance des pistes de réflexion pour permettre aux personnes porteuses de handicaps et troubles, visibles ou invisibles, de prendre part aux événements populaires.

Dans la plupart des festivals de France, de nouvelles démarches sont entreprises chaque année pour renforcer l'accessibilité aux personnes porteuses de handicap. Depuis la loi du 11 février 2005, les établissements recevant du public et les installations ouvertes au public sont d'ailleurs tenus de s'adapter et cela passe par des lieux accessibles en fauteuil roulant, des espaces réservés, ou encore une communication compréhensible pour les personnes déficientes visuelles ou auditives.

Au festival de jeu de Neuville-de-Poitou, les personnes à mobilité réduite peuvent profiter de toutes les animations, et des bénévoles se font interprètes en langue des signes françaises. Depuis 2022, une nouvelle initiative se déploie au sein de l'événement : accueillir dans de meilleures conditions les personnes neuroatypiques, c'est-à-dire avec des troubles du spectre autistique, des troubles déficits l'attention, une hyperactivité, ou encore des troubles "dys" (dyslexie, dyspraxie, dysphasie...).

Je me suis rendu compte que dans les festivals il y avait très peu d'accessibilité plutôt cognitive.

Romain Rimbert

Co-organisateur du Festival du Jeu en Poitou

L'idée vient de Romain Rimbert, co-organisateur du Festival du Jeu en Poitou, et lui-même concerné par une hyperactivité et un haut potentiel intellectuel. "Je me suis rendu compte que dans les festivals, il y avait très peu d'accessibilité plutôt cognitive", explique-t-il. "Il y a beaucoup d'accessibilité de plus en plus et heureusement axée autour du handicap, mais le handicap cognitif est très très peu représenté."

Il a créé d'abord une pièce en 2022, puis deux pour cette édition spécialement pensée pour accueillir un public neuroatypique. Les fenêtres sont occultées par de grands tissus sombres pour créer une atmosphère moins lumineuse, l'isolation phonique est optimale et la jauge est restreinte afin de procurer aux joueurs un maximum de calme. Des casques sont également à disposition pour celles et ceux qui voudraient sortir sans être trop dépassés par les cris d'enfants et les bruits des jeux. Dans l'une des deux salles, renommées "salles atypiques", un petit recoin cloisonné permet de s'isoler.

L'inclusion, ça passe par le fait qu'on essaye de se mettre à la place de l'autre. Pour ça, il faut une acceptation de tout le monde, et de l'empathie.

Rosany Costa

Bénévole au festival et maman d'un petit joueur

Assis dans ce petit havre de paix, Thyago joue avec sa maman, et semble parfaitement à l'aise : "Dehors, c'est bruyant, et j'aime bien des fois être calme." Sa mère, Rosany, est bénévole sur le festival. Arrivée dans la Vienne cet été, elle découvre pour la première fois un événement aussi adapté aux besoins de son enfant : "L'inclusion, ce n'est pas seulement faire des choses qui sont exprès pour ces personnes-là et les mettre à part, mais mettre tout le monde dans le même environnement pour pouvoir faire en sorte que tout le monde comprenne la place de l'autre également."

Des jeux pour tous et toutes

Attention, il ne faut toutefois pas s'attendre à trouver dans ces espaces des jeux "spéciaux", adaptés aux différents handicaps ou thérapeutiques. Seules les conditions, l'environnement de ces jeux changent. "Les jeux que vous trouvez ici, ce sont les mêmes jeux que vous trouvez à l'extérieur, la seule différence, c'est que nous, on a adapté la salle à une sensorialité différente", précise Romain Rimbert. "Tous les jeux sont jouables, en réalité, que ce soit pour des enfants ou des adultes, qu'il y ait une déficience ou non, tous les jeux sont jouables. C'est juste nous qui adaptons la salle pour qu'ils soient jouables par tout le monde."

Pour Aurélie Gayou, cela fait toute la différence. Personne avec un trouble du spectre autistique, elle a contribué à créer ces espaces atypiques, et le résultat est optimal : "S'il n'y avait pas ça, je n'aurais pas pu venir", insiste-t-elle. "Je pense que je continuerai à revenir, exprès, parce que je peux participer à un événement dit social sans avoir à subir de désagrément au niveau sensoriel."

Elle se rend rarement dans d'autres événements, et a souvent recours à un casque pour s'isoler du bruit et à des lunettes de soleil pour moins subir l'agression d'une trop forte luminosité : "C'est extrêmement compliqué, extrêmement fatigant, et je pourrais le faire peut-être une fois de temps en temps et il me faudra trois jours pour m'en remettre, ce qui là n'est pas le cas."

D'autres acteurs, comme l'ALEPA de Poitiers, ont contribué aux réflexions autour de ces deux salles afin de répondre au mieux aux besoins des publics ciblés. Cette association propose des activités et des sorties pour des personnes avec autisme, et a emmené plusieurs enfants passer quelques heures au festival. Nicolas Elloy, éducateur au sein de l'association, se réjouit de la démarche du festival : "Ça avance quand même parce qu'il y a quinze ans, c'était déjà super quand on partait en activité et qu'on nous voyait avec les jeunes en disant 'ah, c'est bien ce que vous faites !' Aujourd'hui, c'est plus normal", sourit-il. "C'est normal de voir tous ces enfants, adolescents, avec un handicap plus ou moins visible, faire des activités avec tout le monde."

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