Benjamin Lavernhe, un parrain de rêve pour des lycéens poitevins

35 élèves du lycée Victor Hugo, où le comédien a lui-même étudié, ont fait connaissance avec Benjamin Lavernhe. Pendant un peu moins de deux heures, le sociétaire de la Comédie Française s'est prêté au jeu des questions-réponses.

"Il a vraiment été comme un parrain qu'on connaît depuis tout petit !" Lyloo Lamare n'en revient pas de sa chance, elle vient de passer avec sa classe une petite matinée à échanger avec l'un des acteurs de théâtre et de cinéma les plus en vue de ces dernières années. Et il est de Poitiers, et il est passé par son lycée... Et il est le parrain de la première promotion de sa classe de seconde, option théâtre musique danse. Quelques minutes avant de le rencontrer, elle se demandait si Benjamin Lavernhe avait eu le soutien de ses parents.

La question de confiance

C'est la question qu'elle lui a posé d'ailleurs : "Est-ce que vos parents ont cru en vous ?" Le comédien raconte un peu sa famille. "On est quatre enfants, les quatre dans des branches artistiques ! Mon grand frère, c'est la musique, moi la scène, ma sœur est danseuse, mon petit frère a commencé par le dessin puis maintenant, c'est la musique électronique. C'est marrant ! Mais pour nos parents, c'était peut-être moins marrant... Il y avait une sorte de contrat moral. « Tu fais des études », il y avait ce discours un peu naze... Alors j'ai fait une licence d'info-comm' et le cours Florent en parallèle. Moi ça m’allait, ça les rassurait, ça se passait dans le dialogue. Les parents voient que ça peut être des vies difficiles, mais c’est un vrai métier. Il faut peut-être les accompagner, les parents, leur dire que c’est possible."

Au-delà de l'anecdote, c'est peut-être un des beaux moments de cette rencontre. Là où, mine de rien, il est question de transmission. Ce matin-là, quelqu'un à qui ils veulent ressembler leur dit "je suis passé par là..." et leur dit aussi, de manière subtile : "mets-toi à leur place..."

Autre thème majeur, la confiance a été au coeur de cette matinée d'échanges. La confiance des parents justement qui donne des ailes, la confiance insufflée par les professeurs qui sert de déclic, celle enfin qu'on trouve en soi pour aller plus loin encore.

Les professeurs, Benjamin Lavernhe en mentionne un du cours Florent, lui disant : « - Tu vas être un grand acteur ! - Ah bon ? » 
"Quand quelqu’un vous donne confiance, a confiance en vous comme ça, c’est une injonction à réussir, réfléchit-il. Si vous n’essayez pas, vous êtes sûrs de ne pas y arriver. Mais si vous essayez en revanche, vous avez une petite chance."

La vocation

Dans le récit du parcours qui l'a mené vers ce métier, il raconte aussi ce moment de révélation où, en 4e, jouant sa première pièce, il a senti une émotion particulière, le bonheur de faire rire. "J’ai été voir les spectacles assez tard, je regardais les films. Je pensais plus au cinéma. Je me suis rendu compte plus tard que le théâtre c’était la base, une richesse pour jouer au cinéma après. C’est parfois même étourdissant, c’est comme si on questionnait la vie. On a ce vertige-là parce qu’on s’investit beaucoup. C’est un don de soi. Et paradoxalement, c’est un métier pour les timides. C’est étrange comme métier, on est passeur des mots des autres, mais on se découvre soi."

L'assistance est attentive, aucun bavardage intempestif, ni insolence blasée. Ces élèves-là ne sont pas ici par hasard. Cette classe théâtre, musique danse, ils ont postulé pour y être ! Certains viennent de loin (et même de Lille). Seuls 4 lycées en France proposent cette section qui cumule les trois domaines artistiques, et c'est à Poitiers que se concentre le plus grand nombre de comédiens en puissance. Chaque semaine, ils consacrent minimum 6 heures à leur spécialité, plus les heures de conservatoire, plus les projets à mener ensemble. Comme ces entretiens avec leurs trois parrains, Benjamin Lavernhe pour le théâtre, Ibrahim Maalouf la semaine dernière en visio pour la musique et Marie-Claude Pietragala bientôt pour la danse.

Chacun à son tour se lève pour interroger le comédien, guidé, encouragé par le professeur "La question 7 ! N'oubliez pas de vous présenter avant". Certains bafouillent un peu, intimidés. Mais Benjamin Lavernhe sait trouver la plaisanterie pour mettre à l'aise. Comment se faire connaître ? Comment dire non ? Quels sont vos modèles ? Est-ce qu'il y a des rôles que vous auriez aimé faire à leur place ? Comment gérez-vous le stress ? Et bientôt des questions imprévues s'ajoutent..

A l'issue de l'échange, on devine les sourires sous les masques. Leila Salmon lève la main : "On a appris plein de choses, on avait l’impression de parler avec un ami, il a plaisanté avec nous, c’était très sympa !"

D'autant que pour conclure, Benjamin Lavernhe n'avait pas oublié une touche ludique avec un quizz Molière, citant des répliques et attendant en réponse le titre de la pièce. Au gagnant, un goodies de la Comédie Française (au choix une gomme Molière, un marque-page, des allumettes ou un exemplaire dédicacé des Fourberies de Scapin, entres autres).

L'apprentissage de la pédagogie

Et pourtant, en commençant, Benjamin Lavernhe comme eux avait des questions... "J’ai un peu le trac, j’ai rarement eu ce rôle de parrain. Dans mon ancien lycée, revenir ici, en plus. C'est nouveau pour moi, je pense aussi, égoïstement, que ça peut m’apporter des choses, la pédagogie. Très vite, après le cours Florent, on m’avait proposé d’encadrer, de mettre en scène, mais je ne me sentais pas très capable, je me demandais ce que j'allais bien pouvoir leur dire."

Dans les cinq dernières minutes, il a livré un plaidoyer pour l'audace "Allez-y, allez au cinéma, amusez-vous à créer, à votre échelle. Je vous encourage à foncer, là, à quinze ans, tout est possible, vous avez tout à fait le droit, c’est même un devoir !"

Il est ensuite reparti vers son train pour Paris plus que content de ce moment partagé avec des jeunes "intéressés, éveillés, tous très sympas". Ému aussi d'avoir renoué avec le Benjamin d'hier, le temps d'une matinée. "J’étais hyper ému de revoir la cour, j’ai quelques rêves qui se passent à Victor Hugo, on est toujours habités par ces expériences d’école, de lycée". 

Nul doute que cette expérience-là les habitera eux aussi, et pour longtemps. Comme le résume Circée Fases, l'une des élèves rencontrées ce matin : "On peut y arriver par tous les moyens, du moment qu'on en a envie". La confiance, le maître-mot.

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