Faire un don de cheveux pour financer des prothèses capillaires destinées aux personnes atteintes d'un cancer du sein, c'est le but de l’opération lancée à Poitiers par les cliniques Elsan en partenariat avec l’association "Fake Hair Don’t Care". Bilan : en quatre mois, 80 dons ont permis la fabrication d'une dizaine de perruques.
Un geste anodin au premier abord. Une coupe de cheveux, tout ce qui a de plus normal chez un coiffeur. Mais ce jour-là, chez ce professionnel installé à Saint-Benoît, la démarche a une signification particulière.
"C’est la première fois que je le fais, c’est une action solidaire, après tous les cheveux partent à la poubelle, donc autant que ça serve", confie la cliente, Delphine Rémy.
Des perruques plus accessibles
Delphine fait un don de cheveux pour l'association "Fake Hair Don't Care". Elle a attendu plusieurs semaines avant de se couper les cheveux : '"j'avais vu passer l'opération, je savais qu'il fallait au moins dix centimètres pour faire le don".
Un geste solidaire donc, qui peut impacter le quotidien des malades." L'objectif, c’est d’informer et d'expliquer qu’il existe des associations qui fabriquent des prothèses capillaires à moindre coût, 100 % naturelles", détaille Delphine Peroche, animatrice en Santé publique au sein des cliniques Elsan.
Synthétique ou cheveux naturels, l'écart financier est en effet considérable. Du simple au double, voire plus. "Une perruque en cheveux naturels, ça coûte plus de 1 000 euros, mais elles ne sont pas du tout remboursées par la Sécurité sociale, il n’y a que les synthétiques qui soient remboursées, et seulement certaines catégories", explique Catherine.
Atteinte d'un cancer du sein pour la deuxième fois, Catherine a fait le choix de ne pas investir dans une perruque en cheveux naturels. "La perruque, je la porte dans les lieux publics, pour le regard des autres. À la maison, je ne la mets pas. Mes enfants me disent que ce n’est pas moi", ajoute-t-elle.
Être soi et garder sa féminité
Annick aussi a souffert du regard des autres. C'est en 2020 qu'elle apprend qu'elle va devoir lutter, elle aussi, contre un cancer du sein. Immédiatement, elle aussi investi dans une perruque, synthétique.
"La seconde fois que je suis allée en chimiothérapie, je suis partie sans rien du tout sur la tête, naturellement, sans m'en rendre compte. Quand je me suis retrouvée dans la salle d’attente du CHU, le regard des femmes était dirigé vers moi. J’ai senti ce regard et je me suis dit, mince, je n'ai rien sur la tête."
Ce sont les autres personnes, qui étaient dans la même situation que moi qui me regarderaient le plus. À ce moment-là, je me suis dit, peut-être que je les ai choquées.
AnnickAtteinte d'un cancer du sein
Pour elle, le plus compliqué, ça n'a pas été finalement la perte de ses cheveux, mais "la perte de cils et sourcils, c’était plus important que les cheveux. Quand vous perdez les cils et sourcils, vous avez une partie de votre personnalité qui part. La première chose que l’on voit chez une personne, c'est son visage, ça reflète beaucoup de choses".
1 650 cm de cheveux récoltés en quatre mois
Organisée dans le cadre du mois octobre rose et prolongée jusqu'en ce début d'année, l'opération de collecte de mèches, a permis de récolter, au total, 1650 cm de cheveux. "nous avons choisi d’œuvrer pour cette association, car elle accepte les dons à partir de 10 cm. Cela permettait d’obtenir un maximum de dons. À savoir qu’il faut entre six et dix dons pour fabriquer une prothèse capillaire", précise Delphine Peroche.