S’il est difficile de quantifier précisément le nombre d’étudiants en détresse psychologique, depuis le début de la pandémie du Covid-19, ils font part de leur mal-être sur les réseaux sociaux. Universités, CROUS et rectorat de Nouvelle-Aquitaine s’organisent.
"En ce moment ça va, mais je suis tout le temps stressé". Antoine est étudiant en première année de médecine. Il a intégré l'Université de Poitiers en septembre dernier, après avoir obtenu un baccalauréat qu'il a préparé pendant le confinement. "C'était très dur, on se sentait laissés à l'abandon", se souvient le néo-bachelier aujourd'hui étudiant.
À la fac, Antoine se retrouve obligé de jongler entre des cours de maths et de sciences depuis l'entrée en vigueur de la réforme de l'enseignement supérieur. "Il y a des périodes où je suis vraiment épuisé par tout ce stress", confie Antoine.
"Le présentiel est essentiel"
Comme Antoine, en France, de nombreux étudiants font part de leur mal-être. Sur les réseaux sociaux et entre eux, ils partagent leurs inquiétudes, leurs craintes et surtout leur angoisse quant à la situation sanitaire et la pandémie de Covid-19.
Depuis que j'ai eu mon bac, j'ai gagné en liberté puisque je n'habite plus chez mes parents, mais ça n'a pas amélioré mon quotidien.
Antoine, étudiant en première année de médecine à l'Université de Poitiers
"À l'université, on porte tous un masque. On se voit tous les jours à la fac mais ce n'est pas pareil, ce n'est pas la même ambiance", explique Antoine. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, associations et syndicats étudiants se font le relai des étudiants en souffrance.
Face à ces témoignages, "le retour au présentiel est essentiel pour tous les étudiants", affirme Claudio Galderisi, recteur délégué de Nouvelle-Aquitaine chargé de l'enseignement supérieur. Même s'il assure qu' "aucune analyse statistique ni aucun instrument ne permettent de confirmer que le bien-être des étudiants s'est bien dégradé depuis le début de la pandémie", il reste persuadé que l'isolement des étudiants entrave leur épanouissement.
Plus de 47.000 consultations chez le psy
Le gouvernement a lancé au printemps dernier une plateforme d'accompagnement psychologique destinée aux étudiants en détresse mentale. Une fois qu'ils ont identifié le spécialiste auquel ils souhaitent s'adresser, les étudiants peuvent bénéficier de huit séances gratuites chez un psy. Au 6 décembre et depuis le lancement de ce dispositif, 47.386 séances ont été réalisées.
En Nouvelle-Aquitaine, il a été renforcé par l'arrivée de nouveaux professionnels de la santé mentale. "11 psychologues ont été embauchés dans toute la région, ils sont dans tous les établissements et les étudiants ont été parfaitement informés", lance Claudio Galderisi.
Rompre l'isolement des étudiants
Lorsqu'elle a constaté une augmentation de 40% des appels passés aux services sociaux du CROUS entre la rentrée universitaire 2019 et 2021, la directrice générale de l'antenne de Poitiers, Marianning Hall, a voulu agir rapidement. "On a embauché 14 référents étudiants qui sont répartis entre les sites de Poitiers, Châtellerault, La Rochelle, Niort, Angoulême et le Futuroscope". Des référents qui "accueillent les primo-arrivants, assurent une certaine convivialité et permettre de lutter contre l'isolement des étudiants", explique Marianning Hall.
Les étudiants ont de moins en moins de mal à parler de leur isolement
Marianning Hall, directrice générale du CROUS de Poitiers
Un isolement exacerbé par les différentes périodes de confinement et les cours dispensés en distanciel. "Quand on a su que les cours se feraient de nouveau à distance, on s'attendait à ce que les étudiants rentrent chez eux. Mais bon nombre d'entre eux sont restés dans nos résidences pour continuer à échanger, à faire des rencontres", explique la directrice de la structure qui gère 4.600 logements à destination des étudiants boursiers sur toute l'Académie de Poitiers.
Pour mieux prendre en charge les étudiants pendant la crise sanitaire, le CROUS de Poitiers vient de lancer un guichet unique d'accompagnement social. "Un seul numéro, une seule adresse email pour mieux répondre à leurs besoins", achève Marianning Hall.