En France, onze millions de personnes aident quotidiennement un proche en situation de dépendance. Souvent démunis et âgés, ils ont besoin de soutien médical ou psychologique. Des collectifs existent pour les aider et les former, comme l'association UNA Charente-Vienne.
Tous les jours, Roselyne Robert vient voir sa belle mère Marthe chez elle, à Chauvigny. À 86 ans, cette dame vit seule à son domicile car ses ressources ne lui permettent pas de vivre en maison de retraite. Roselyne fait partie des 4 millions d'aidants familiaux en France - sur onze millions d'aidants - qui s'occupent d'un proche en situation de dépendance.
"Je trouve que c'est normal, que c'est naturel de venir. Même si je ne suis pas là longtemps, elle est contente de me voir", lance Roselyne, affirmation aussitôt confirmée par Marthe. "Ce sont des personnes de l'ombre qui ont besoin de voir leur rôle reconnu, souligne Christophe Oliviéro, directeur de l'UNA Vienne (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles). La mise en place du congé aidant familial, au 1er janvier 2017, a été un premier pas vers la légitimité de ces actions solidaires.
Aider les aidants
Pour soulager ces auxiliaires et instruire les particuliers volontaires, l’UNA Charente-Vienne et l’Association Française des aidants proposaient des séances régulières de formation tout au long du mois de mai à Chauvigny. Le 25 septembre, le dispositif, divisé en six modules, sera disponible en ligne pour toute personne qui souhaiterait se former afin d'accompagner au mieux un proche au quotidien.L'UNA soutient aussi les aidants physiquement. Lorsque Roselyne doit s'absenter à midi, Catherine prend le relais pour être aux petits soins avec Marthe. Catherine Migout est, elle, auxiliaire de vie professionnelle à l'UNA, qui accompagne environ 300 personnes âgées dans la Vienne.
À chaque étape chez un patient, c'est la course. "C'est tout le temps comme ça. On a trois quarts d'heure", glisse-t-elle en changeant les draps. 45 minutes pour faire un peu de rangement, de vaisselle, s'occuper du linge, préparer le repas, un mot gentil, une petite caresse, vérifier les médicaments, le verre d'eau, encore un mot gentil... Elle fait tout cela à cent à l'heure, mais toujours avec bienveillance. "Il faut se mettre à leur place, conseille Catherine. Il faut se dire : si un jour je suis à leur place, qu'est-ce qui me ferait plaisir et qu'est-ce que je n'aimerais pas ?"
Un moment de détente
Catherine Migout est aussi une lanceuse d'alerte. L'usure psychologique, la peur de ne pas être à la hauteur, la culpabilité de l'absence, le relâchement impossible dont les auxiliaires souffrent souvent peuvent les conduire parfois à la maltraitance. "On court tellement, on loupe des choses. Je fais ce que je peux, du mieux que je peux et elle le sait, souligne Catherine en adressant un regard à Marthe. On devrait s'asseoir un petit peu, discuter, avoir un moment de détente."Pour soulager ces auxiliaires et instruire les particuliers volontaires, l’UNA Charente-Vienne et l’Association Française des aidants proposaient des séances régulières de formation tout au long du mois de mai à Chauvigny. Le 25 septembre, le dispositif, divisé en six modules, sera disponible en ligne pour toute personne qui souhaiterait se former afin d'accompagner au mieux un proche au quotidien. Pour en savoir plus sur ces formations, nous vous proposons de visionner l'interview d'un formateur de l'UNA 16-86, Ludovic Blanc interrogé par F. Gibert et S. Bourin.
Notre reportage à Chauvigny (Vienne)
Intervenants : Roselyne Robert, aidante familiale; Catherine Migout, auxiliaire de vie UNA86.Reportage : François Gibert et Stéphane Bourin. Montage : Martine Sitaud.