Le collectif de défense des barrages hydroélectriques de la Vienne appelle à ce rassemblement auquel participent environ 200 personnes opposées à l'ouverture du secteur à la concurrence.
Après les autoroutes et Aéroports de Paris, la France va-t-elle également privatiser ses barrages hydroélectriques ? Eux en tout cas s'y opposent.Selon notre équipe présente sur place, quelque deux cents personnes manifestent ce samedi après-midi sur le viaduc à L'Isle-Jourdain (Vienne) pour dire non à l'ouverture du secteur à la concurrence, comme le souhaite Bruxelles.
"Vente à la découpe"
La manifestation est organisée par le collectif de défense des barrages hydroélectriques de la Vienne récemment créé.Dans un communiqué, le collectif indique que ce rassemblement vise à montrer "un attachement très fort de nos concitoyens aux services publics et leur révolte devant cette politique de vente à la découpe de ce qui appartient à la nation".
Sur les 433 infrastructures que compte le parc hydroélectrique français, première source d'électricité renouvelable, 150 concessions arrivent à échéance d'ici 2022 ; elles pourraient ainsi échapper au contrôle d'EDF.
Dans la Vienne, on compte quatre barrages dont trois à l'Isle-Jourdain. La concession avec EDF qui les exploite depuis 1946 a été renouvelée en 2001 pour quarante ans, mais le collectif ne veut pas attendre qu'il soit trop tard pour agir.
Fronde parlementaire
Cette manifestation intervient alors qu'hier vendredi, plus d'une centaine de députés d'opposition ont demandé au gouvernement de ne pas céder à la pression de la commission européenne qui exige depuis des années que la France (et sept autres pays européens) se conforme(nt) au droit de l'Union.Fin novembre, Bruxelles a ainsi mis Paris en demeure de "faire en sorte que les marchés publics dans le secteur de l’énergie hydroélectrique soient attribués et renouvelés dans le respect du droit de l’UE".
Les parlementaires français - parmi lesquels la députée des Deux-Sèvres Delphine Batho- souhaitent que le secteur hydroélectrique échappe aux directives européennes imposant la mise en concurrence dans les services ; ils déposeront une proposition de résolution lundi.
Pour les signataires, l'hydroélectricité représente "un secteur stratégique" pour la France, "tant pour la production d'électricité renouvelable que pour la gestion de la ressource de l'eau".
Les députés pointent également le rôle environnemental des barrages et s'inquiètent de l'aspect sécuritaire d'un secteur concernant "la gestion des crues ou la fourniture d'eau froide pour les installations nucléaires".