Les jeunes diplômés en soins infirmiers tournent le dos à l'hôpital public. Le directeur de l'hôpital de La Rochefoucauld s’est déplacé à l'Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de La Couronne en Charente pour écouter les besoins et les envies des soignants de demain.

« L’Hôpital public, c’est important pour vous ou pas ? » Dans l’amphithéâtre, face à la promotion d’élèves en soins infirmiers, Vincent You, directeur délégué de l'hôpital de La Rochefoucauld en Charente, explique la raison de sa venue : «Pourquoi est-ce que aujourd’hui, j’ai du mal à recruter des infirmières pour travailler dans un hôpital de proximité ?»

Des hôpitaux doivent diminuer leur nombre de lits par rapport au nombre de patients car il n’y a pas assez de médecins, ni assez d’infirmières. Un hôpital n’existe pas sans infirmière.

Vincent You, directeur délégué de l'hôpital La Rochefoucauld

 

 

La directrice de IFSI , Valérie Bertrand, évoque un paradoxe : « On forme de plus en plus d’infirmiers, mais il y a de plus en plus de postes vacants à l’hôpital public ». Sur les 130 étudiants de la promotion actuelle en soins infirmiers, seulement 20 % veulent y travailler. La plupart préfèrent l’intérim ou exercer en libéral.

On doit comprendre ce que l’on doit changer, ce que l’on doit entendre différemment. Il y a un changement de génération. Ces jeunes générations, il faut les faire parler. L’objectif, c’est d’être à leur écoute.

Vincent You, directeur délégué de l'hôpital La Rochefoucauld

 

 

Pour mieux comprendre les attentes des futurs soignants, et adapter la réalité de l'hôpital public en fonction, le directeur de l'hôpital a préparé un questionnaire que les étudiants ont rempli ce matin. 

 

Une réforme de la formation non adaptée
à la réalité du métier

Pour Valérie Bertrand, la réforme de la formation en soins infirmiers, instaurée en 2019, est trop théorique : « on est dans une formation qui propose aux étudiants une validation d’une unité d’enseignement, et pas les connaissances et les acquis pour exercer ce métier ».

Mais au-delà de la question de la formation, qui est en train d’être repensée, « il y a une question générationnelle » pour la directrice de l’IFSI. Les jeunes soignants aspirent à des conditions de travail et une rémunération dignes de leurs efforts.

 

Conditions et temps de travail à revoir  

« Il y a des services qui fonctionnent au-delà de sept heures par jour, jusqu’à dix-douze heures. reconnaît Vincent You. Une durée qui peut se traduire par « des problèmes de dos, de fatigue, et de conditions de travail ».

Pour la directrice de l’IFSI, « le système doit gagner en agilité et flexibilité » afin de s’adapter à des profils différents : « on n’a pas le même rythme de travail quand on a 18 ans ou 50 ans , quand on est une jeune maman ou que l’on n’a pas de famille ».

La question de la rémunération pèse aussi dans la balance : « dans le public en début de carrière, on ne négocie pas son salaire. Dans le privé on a une évolution de carrière plus rapide, une prise de responsabilité avec un système plus souple que dans le secteur public ».

Une meilleure orientation des post bac

Valérie Bertrand affirme avoir reçu 5 500 dossiers de candidature à la formation en soins infirmiers à la rentrée dernière, rien que sur le territoire de Poitou Charentes. Mais pour elle, beaucoup de candidats post bac ne mesurent pas l’investissement qu’exige le métier. 

On a un système Parcours sup pas adapté au système de formation parce qu’on ne peut pas évaluer comme on le faisait avant par des oraux de sélection, le niveau de motivation relationnel, les qualités techniques… 

Valérie Bertrand, directrice de l'l'Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de La Couronne

 

Des étudiants qui ne restent pas
en Nouvelle-Aquitaine

La directrice de l’établissement souligne un « vrai problème de maintien des étudiants sur le territoire », avec une promotion composée à 63 % d’étudiants non originaires de Nouvelle-Aquitaine. 

 

On sait qu’au bout de trois ans ils vont repartir dans une autre région. En Charente, les étudiants qui veulent se spécialiser en puériculture, ou en anesthésie sont obligés d’aller à Bordeaux ou Poitiers.

Valérie Bertrand, l'Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de La Couronne

 

La crise sanitaire a aggravé ce désamour pour l’hôpital public, et la fuite des professionnels déjà en poste a affaibli un système hospitalier déjà fragile. « On essaie de rééquilibrer, mais c’est long, il faut un certain temps pour mettre les choses en place », mesure Valérie Bertrand.  

 

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