La Commission européenne propose de renouveler l'autorisation du glyphosate pour 10 ans de plus, suscitant de vives réactions en Poitou-Charentes

L'Autorité européenne de sécurité des aliments n'a pas identifié de situation critique pour les humains, les animaux et l'environnement dans l'utilisation du glyphosate. Des résultats d'études qui incitent l'Union européenne à prolonger de 10 ans l'autorisation de l'herbicide, pourtant classé "cancérogène probable", rappelle la députée écologiste de la Vienne, Lisa Belluco.

Comme une histoire sans fin. Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides dont le Round up, pourrait être autorisé en Europe dix ans de plus. C'est en tout cas l'avis de la Commission européenne qui a proposé mercredi 20 septembre de renouveler son autorisation jusqu'en 2033.

Cette proposition "va complètement à l'encontre de l'histoire", estime Lisa Belluco, députée écologiste (NUPES) de la première circonscription de la Vienne. "Je ne sais pas pourquoi on en est encore là. On sait que ça a des effets sur les humains et sur la biodiversité."

Pour faire cette proposition, la Commission se base sur un rapport de l'Autorité européenne de sécurité des aliments qui indique ne pas avoir trouvé de "domaine de préoccupation critique" chez les humains, les animaux et l'environnement qui pourrait empêcher son autorisation.

Le glyphosate avait pourtant été classé comme "cancérogène probable" pour les humains par le centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Si Lisa Belluco redoute que cet avis soit validé, elle aussi rappelle les conclusions des études, de l'INSERM en France, ou de l'OMS, qui ont parlé des dangers du glyphosate et de cet effet "cancérogène probable". "Même si on peut admettre que les travaux scientifiques ne sont pas stables, on pourrait au moins appliquer le principe de précaution", estime-t-elle.

Ursula Von der Leyen ne se positionne plus comme présidente de la Commission européenne, mais comme porte-drapeau de la droite pour les élections à venir. Elle est entrée en campagne.

Benoit Biteau

Député Verts européen

Une proposition "scandaleuse"

Le député européen écologiste Benoît Biteau note que, à moins d'un an des élections européennes, l'annonce est surtout politique. En particulier pour la présidente, Ursula von der Leyen.  

"La proposition de la Commission est particulièrement scandaleuse. Ursula von der Leyen est entrée en campagne électorale. En envoyant des signaux à la droite réactionnaire... Ursula Von der Leyen ne se positionne plus comme présidente de la Commission européenne, mais comme porte-drapeau de la droite pour les élections à venir."

Selon lui, la France " n'a pas d'autre choix que de voter contre la ré-autorisation du glyphosate."

Qu'est-ce qu'on met en avant pour en diminuer les usages ?

Nicolas Turquois

Député Démocrate et Indépendant de la Vienne

Pour Nicolas Turquois, député Démocrate et Indépendant de la quatrième circonscription de la Vienne, la question n'est pas tant celle du glyphosate, que ce que l'on propose à la place. "Qu'est-ce qu'on met en avant pour en diminuer les usages ou pour en limiter les usages aux seules situations où il n'y a pas d'alternative probante".

Il estime par ailleurs que les règles en la matière en France sont plus exigeantes que dans d'autres pays.

Les 27 pays membres devront se prononcer le 13 octobre

La proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans l'autorisation du glyphosate dans l'agriculture sera examinée par les représentants des 27 pays membres le 13 octobre prochain et devra être adoptée à la majorité qualifiée pour être définitive. Cela signifie qu'au moins 15 États sur 27 doivent exprimer un vote favorable et, que ces États qui soutiennent la proposition, représentent au moins 65% des 446,8 millions d’habitants de l'Europe.

Si la proposition est adoptée, les États devront délivrer des autorisations nationales et fixer des conditions d'utilisation en "apportant une attention particulière" aux effets sur l'environnement, précise l'autorité européenne.

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