Fête du travail ou 13e journée d'action unitaire contre la réforme des retraites ? Les manifestants du 1er mai étaient en tout cas plus nombreux que d'habitude dans les principales villes de Poitou-Charentes.
À Poitiers, le cortège s'est élancé en fin de matinée dans une ambiance bon enfant. Avec, comme à l'accoutumée, un grand écart du côté des chiffres de participation : 4 400 manifestants selon la police, plus de 13 000 selon les syndicats qui revendiquent une mobilisation historique dans les rues de la préfecture de la Vienne.
Le front syndical unitaire qui appelait à une mobilisation massive semble avoir porté ses fruits. "Le 1er mai, c'est une date symbolique, explique un manifestant, mais dans les circonstances actuelles, c'est important d'être nombreux à manifester."
Casquette vissée sur la tête, ce retraité se dit déterminé à ne pas céder même si le gouvernement a promulgué la loi. "J'ai des enfants et des petits-enfants, c'est important qu'ils partent tôt, surtout que les conditions de travail se détériorent considérablement dans tous les secteurs d'activité."
Dans le cortège poitevin, il y a des jeunes et des familles. Venue avec sa petite fille, une maman exprime sa détermination. "On ne va pas arrêter comme ça. Si on avait lâché à d'autres époques, on n'aurait pas eu toutes ces avancées. Cette loi est totalement injuste, même si elle est promulguée, donc on continue."
"Macron démission"
Comme dans de nombreuses villes de France, ce 1er mai a donc pris la forme d'une treizième journée d'action contre la réforme des retraites. "J'espère que ça va faire bouger les choses, lance une manifestante, parce que moi, j'arrive à 50 ans et physiquement, je n'arriverai pas à travailler jusqu'à 64 ans." Drapeau "Solidaires" en main, elle ponctue son discours d'un "Macron démission".
Le chef de l'État est d'ailleurs l'objet de très vives critiques dans les différents cortèges. À La Rochelle où les syndicats annoncent 7 000 manifestants (4 130 selon la police) mais aussi à Angoulême où les organisateurs revendiquent 8 000 manifestants.
"C'est un chef d'État qui n'a pas le sens de l'état, explique une manifestante, il n'entend pas." Enseignante en région parisienne, elle explique avoir profité de ses vacances en Charente pour grossir le cortège local. Elle évoque un "contexte général de colère et de surdité méprisante".
Sa voisine, venue en famille, acquiesce. "Ils ont peut-être l'impression que le mouvement s'essouffle, mais ils ne mesurent pas la colère qu'il y en nous."