Le lauréat du prix Renaudot des lycéens 2024, Olivier Norek, pour "Les Guerriers de l'hiver", est allé à la rencontre des lycéens de Loudun, dans la Vienne. Le roman raconte les combattants de la guerre entre la Finlande et l'Union soviétique en 1939-1940.
À la table à laquelle il est assis, Olivier Norek ne cache pas son plaisir. Livre après livre, il signe, toujours avec le même sourire. Ce mardi, le lauréat du prix Renaudot des lycéens 2024 était à Loudun, dans la Vienne, pour une rencontre avec les lycéens qui ont plébiscité pour leur prix son roman sur la guerre russo-finlandaise de 1939-1940.
"On arrive à se mettre dans la peau des personnages, témoigne Evan, élève en classe de Première à Saint-Maixent-École (Deux-Sèvres). Dans la peau d'un homme pendant la guerre. Je trouve que c'est intéressant."
Lors des échanges avec les lycéens, l'auteur leur rappelle qu'ils étaient les "acteurs de demain", avec l'espoir qu'ils bâtissent un monde meilleur. Car son roman parle bel et bien de faits de guerre et de résistance.
Son récit ambitieux de la résistance de la Finlande à l'invasion du géant soviétique est centré sur Simo Häyhä, un paysan surdoué au fusil qui, en se muant en sniper, va devenir un héros national et une légende de l'histoire militaire du pays. Il sera surnommé la "Mort blanche".
Quand l'URSS envahit la Finlande fin 1939, le monde est outré par l'agression. Le pays, bien petit face à son voisin, va résister courageusement.
Les Guerriers de l'hiver, aux éditions Michel Lafon, est un roman de soldats.
500 ennemis abattus
"Simo Häyhä était taiseux. Je me suis rajouté un défi d'écriture : Simo ne va jamais parler. C'est un livre sur lui, en gros, sur Simo Häyhä, et il ne va pas prononcer un mot. Pourquoi ? J'en sais tellement peu sur lui que je veux respecter le travail d'une vie, parce qu'il ne voulait pas qu'on en sache plus que ça sur lui", explique Olivier Norek à l'AFP.
Après avoir abattu plus de 500 ennemis, ce simple paysan, de très petite taille, a vécu loin des honneurs, dans sa campagne.
Il fut frustré de ne pas pouvoir combattre, à cause d'une balle qui a failli lui coûter la vie et lui a arraché la mâchoire, lors de la seconde guerre que mena la Finlande face à l'URSS, dite Guerre de continuation, entre 1941 et 1944. Il mourut en 2002, à l'âge de 96 ans.
À une journaliste qui lui demandait à la toute fin de sa vie ce qu'il avait ressenti après son premier tir mortel, il avait répondu froidement : "Le recul de mon arme".
"Simo, de ce que j'en sais, des gens qui l'ont rencontré et connu, parce que j'ai aussi rencontré des gens qui ont passé du temps avec lui, ce n'était pas un vantard", commente le romancier.
Ça a fait quoi à ces hommes d'appuyer sur la détente et de tuer pour la première fois ?
Olivier NorekRomancier
"Sous-estimer l'adversaire"
"Les Finlandais ont écrit sur la guerre d'Hiver en donnant le poids des balles, les uniformes, les mouvements de troupes... Jamais ils ne se sont intéressés à la question : ça a fait quoi à ces hommes d'appuyer sur la détente et de tuer pour la première fois ?"
Pour lire tout ce qui s'était écrit sur le sujet, il lui a fallu les services d'un traducteur dévoué, Louis Clerc, historien de l'université de Turku (sud de la Finlande).
Après 113 jours de combat, l'Union soviétique, malgré des moyens bien supérieurs, mais inadaptés, n'a que très peu progressé en territoire finlandais, avec des pertes démesurées. Elle mit fin au désastre avec un traité qui lui permettait d'annexer la Carélie.
"L'enseignement de cette guerre, c'est cette tendance des Russes à sous-estimer l'adversaire, à commencer de manière assez triomphante pour ensuite se prendre les pieds dans le tapis. Et le manque de considération pour ses propres soldats", décrit aujourd'hui l'auteur des Guerriers de l'hiver.