Annie Héquet est présidente de la Banque alimentaire de la Vienne. Depuis le début de la crise, il a dû revoir toute l'organisation des distributions de denrées alimentaires aux épiceries sociales. Les bénévoles, retraités, restent confinés chez eux et ont été remplacés par des employés municipaux.
"A la Banque alimentaire, la vie ne s'arrête pas. Le responsable des approvisionnements continue de chercher des produits, on a dû aussi réorganiser l'entrepôt."Je ne m'ennuie pas ! J'ai un rythme de travail très soutenu, en ce moment.
"La fédération francaise des Banques alimentaires nous soutient, elle est en relation avec les ministères (solidarité, notamment).""Tout le monde est sur le pont. La mairie de Poitiers, aussi, a mis à disposition des bénévoles et trois employés municipaux car on n'a plus nos 90 bénévoles! Ils sont confinés chez eux. Certains ont plus de 70 ans... Ca nous fait 14 équivalents temps-plein en moins !"La mairie de Poitiers a mis à disposition des bénévoles et trois employés municipaux car on n'a plus nos 90 bénévoles ! Ils sont confinés chez eux.
- Annie Héquet, présidente de la Banque alimentaire de la Vienne
"On a dû réduire la voilure. Au moins 40% des épiceries sociales ont fermé, faute de bénévoles. Celles qui restent ouvertes, on a décidé de les servir toutes le même jour, le mercredi, mais avec une heure de rendez-vous précise et une commande déposée à l'avance. On évite que les associations se croisent sur le parking. Tout est prêt à l'avance. Alors qu'avant, on avait un planning tout au long de la semaine pour servir les épiceries sociales."
Certains bénéficiaires ont peur d'aller dans leur épicerie sociale. Elles sont obligées de les appeler pour qu'ils viennent chercher leurs colis.
- Annie Héquet, présidente de la Banque alimentaire de la Vienne
La fragilité de notre société
"Je suis en deuxième ligne car je ne suis pas en contact direct avec les plus démunis. A la Banque alimentaire, on sert les épiceries sociales. Mais je remarque que cette période est très compliquée pour les personnes les plus fragiles, celles qui n'ont pas les capacités de compréhension intégrale.""Voyez, par exemple, certains bénéficiaires ont peur d'aller dans leur épicerie sociale. Elles sont obligées de les appeler pour qu'ils viennent chercher leurs colis. Ils se surconfinent ! Ils ont tellement peur que parfois certains n'ouvrent même plus leurs volets de peur de voir le virus entrer. Certains des plus fragiles ne comprennent pas forcément tout ce qui est dit à la télévision."
On prend conscience d'un monde, qui donnait l'impression d'être moderne et évolué, mais qui en fait peut être mis en faillite totale par une toute petite chose, si petite qu'on ne la voit pas. Pour moi c'est inimaginable.
- Annie Héquet, présidente de la Banque alimentaire de la Vienne
"Pour les plus démunis, c'est encore pire. Ils font face à un surcoût manifeste car comme leurs enfants ne vont plus à l'école, ils ne sont plus nourris à l'école à midi et ils ont parfois des espaces petits et ça génére du stress. C'est bien pire que pour celles et ceux qui ont un jardin..."Pour les plus démunis, le confinement est encore pire.
- Annie Héquet, présidente de la Banque alimentaire de la Vienne
"Tout ça me laisse un sentiment de fragilité de la société en général. On prend conscience d'un monde, qui donnait l'impression d'être moderne et évolué, mais qui en fait peut être mis en faillite totale par une toute petite chose, si petite qu'on ne la voit pas. Pour moi c'est inimaginable. On peut se dire que ce ne sera pas pire que les pandémies du Moyen-âge. Néamoins, ça montre une fragilité de la société absolument diabolique."