L'association des maires ruraux demande à ce que les patients ne trouvant pas de médecin traitant soient exonérés du nouveau forfait patient urgences.
Casse-tête supplémentaire des services d’urgences, en ce début d’année : faire payer aux patients non-hospitalisés un reste à charge de 19,61 €, à moins qu’ils ne prouvent que leur mutuelle le prend en charge. Dans les déserts médicaux, il y a là « double peine », s’alarme Cyril Cibert, maire de Chenevelles et président de l’association des maires ruraux dans la Vienne. « On demande à ce que ceux qui ne trouvent plus de médecin traitant, et qui se retrouvent faute de mieux à engorger les urgences, soient exonérés ! »
L’édile craint que toutes les mutuelles ne prennent pas en charge ce Forfait Patient Urgences (FPU), sans parler des 3 millions de Français qui ne sont pas couverts par une complémentaire santé. « La plupart des médecins sont surbookés, on le voit bien, insiste Cyril Cibert. Ils ne prennent souvent même plus de nouveaux patients, pour qui les urgences restent la seule solution de recours. »
Publié le 4 janvier au niveau national, l’appel de l’association des maires ruraux est également relayé dans la Sarthe et les Hautes-Pyrénées, sans réponse, pour l’heure, du gouvernement.
C’est un sujet majeur dont on n’entend pas du tout parler dans cette campagne présidentielle or c’est cela qui intéresse les Français - pas le Kärcher.
Cyril Cibert, président des maires ruraux (86)
Les pouvoirs publics n'ont pour l'heure apporté aucune réponse aux maires ruraux. « Personne ne dit rien, se désole le maire de Chenevelles. Plus les départements seront nombreux, plus on a d’espoir que cela bouge ».
Application au 1er février ?
Vérification faite, il se trouve que ce FPU n’est pas encore réclamé au CHRU de Poitiers. Ni dans aucun autre hôpital de la région, quand ce forfait devait pourtant entrer en vigueur au 1er janvier.
Est-il reporté, en ces temps de pandémie ? C'est ce qu'a réclamé la Fédération des Hôpitaux de France, dans un courrier là aussi resté sans réponse... « Nous sommes bel et bien en train de le mettre en place », répondent en chœur les hôpitaux de Niort, Angoulême et Grand Cognac.
« Le temps de mettre à jour les logiciels et de clôturer l'exercice 2021 », les premières factures devraient arriver au domicile des patients d'ici quelques semaines. Comme prévu ? « Les établissements s'organisent en fonction des délais qui sont les leurs, précise le ministère des Solidarités et de la Santé. Il n'y a pas de report »... Ni d'aménagement, pour l'heure, pour les déserts médicaux.