Taillés dans la pierre du muret qui ceinture le parc de Blossac, les symboles nazis datent de l'occupation et sont l'oeuvre d'un soldat allemand en garnison à Poitiers en 1940.
La mousse s’emploie à les recouvrir depuis plus de 80 ans, de sorte qu’on les discerne à peine. " Il y a une croix gammée et un aigle nazi avec la croix en dessous ". Daniel Clauzier, guide conférencier, anime les visites de la ville pour Grand Poitiers. " Ca m’arrive de les montrer quand je fais la visite complète du parc [de Blossac] avec des groupes d’adultes. D’autant qu’il y a souvent des personnes qui ont connu cette période-là. Enfin, c’est quand j’y pense ... Je ne vais pas retraverser le parc pour montrer ça ".
Datées de 1940, les croix ont été gravées dans la pierre du parapet qui ceinture Blossac par un soldat allemand, un jour de désœuvrement. Probablement plusieurs. Durant la seconde guerre mondiale, Poitiers, occupée, a vécu à l’heure allemande pendant plus de quatre ans. Située à proximité de la zone libre et sur un carrefour routier et ferroviaire, de nombreuses garnisons y étaient stationnées, principalement dans le secteur de Blossac, réquisitionné comme champ de manœuvres.
Ça n’a rien d’exceptionnel en soit. Il y a des traces d’occupation comme celles-là dans toutes les villes. Ce qui est exceptionnel c’est le temps que le gars a pris pour le faire. C’est quand même taillé profondément, bien comme il faut.
"Aujourd’hui c’est presque de l’archéologie ! "
A la libération, les traces du conflit et les vestiges les plus visibles de l’occupation furent nettoyés. " Mais contrairement à tout ce qui avait pu être peint sur les murs, là c’est gravé, taillé dans la pierre. Et 80 ans après, entre l’usure et les lichens, honnêtement il faut savoir que c’est là sinon on le voit à peine. Aujourd’hui c’est presque de l’archéologie ! "
Après, quand on va dans les combles de la cathédrale, il y a plein de graffitis aussi. Je me rappelle y avoir vu des V de la victoire et des croix de FFI. Il y a un peu toute l’histoire de France en tags, mais ça ne se voit pas parce que ces endroits ne sont pas accessibles au public. Pour revenir aux croix gammées gravées à Blossac, je n’ai jamais eu de réaction outrée lors des visites que j’anime. Ni personne qui se soit indigné que ce soit encore là. C’est l’histoire, en fait.