Roland Sérazin est mort ce vendredi à l'âge de 80 ans, il était le fils de France Bloch, militante communiste et résistante et petits-fils de Jean-Richard Bloch. Roland Sérazin venait souvent à Poitiers évoquer la mémoire de sa mère et de son grand-père.
Roland Sérazin est né en 1940. Deux ans plus tard, il échappe de peu à la rafle qui visait sa mère France Bloch, militante communiste et résitante. Arrêtée, interrogée, torturée par les nazis, elle est condamée à mort et guillotinée en Allemagne le 12 février 1943.
Le père de Roland Sérazin, Frédo, militant communiste et résistant lui aussi, a pour sa part été arrêté par la gestapo et fusillé en 1944.
Sans presque aucun souvenir de ses deux parents, Roland Sérazin a cherché tout au long de sa vie à honorer leur mémoire et leur sacrifice en parlant aux jeunes générations. Il est venu souvent à Poitiers, c'est là en effet que la famille Bloch a vécu très longtemps. Jean-Richard Bloch, écrivain essayiste, dramaturge, journaliste et homme politique engagé à gauche, est arrivé à Poitiers à l'occasion d'une nomination comme enseignant au lycée Victor Hugo. Il s'est installé avec sa famille dans la maison de la Mérigotte. Une grande bâtisse dans laquelle il va travailler, vivre en famille et recevoir des grands noms de la culture du XXème siècle, comme Stephen Sweig, Louis Aragon, Jules Romain, Romain Rolland. Mais aussi des inconnus. Des militants communistes espagnols fuyant la dictature de Franco, des Juifs, cherchant à se mettre à l'abi des nazis.
Roland Sérazin, orphelin à quatre ans, a été élevé par ses grands-parents et notamment par Marguerite, la femme de Jean-Richard Bloch à la Mérigotte. Il a gardé de ce lieu de très nombreux souvenirs et a veillé à ce que la maison soit conservée.
En 2019, la Mérigotte est devenue une résidence d'artiste. Par ailleurs, la ville de Poitiers et le maire de l'époque, Alain Claeys, avaient souhaité intégrer le réseau international ICORN. Il s'agit d'un réseau de villes à travers le monde qui s'engagent à accueillir, héberger et protéger des artistes persécutés, menacés de mort ou de prison dans leurs pays. Comme au temps de Jean-Richad Bloch, La Mérigotte continue donc à servir d'asile pour des artistes en danger dans leur pays.